Amoureux des villes, l'urbanisme émérite, architecte, peintre et professeur Michel Barcelo est décédé le 26 octobre dernier à l'âge de 75 ans. Au cours de sa longue carrière, il aura su transmettre sa façon de voir et de comprendre le monde.

Baigné dans les arts depuis son plus jeune âge, Michel Barcelo a préféré l'architecture à la peinture, suivant les conseils de son oncle, le peintre Marc-Aurèle Fortin, qui en vivait pauvrement. «Nous avions un goût artistique plus élevé que la moyenne, indique son frère, l'écrivain et publicitaire François Barcelo. Une maîtresse venait nous donner des leçons à la maison pendant l'enfance. Je me souviens que nous lisions Le Corbusier.»

Diplômé en architecture de l'École d'architecture de Montréal et en Civic Design de l'Université d'Édimbourg, Michel Barcelo a parcouru le monde pour parfaire sa formation, donner des conférences et voyager. Il a amorcé sa carrière au Service d'urbanisme de Montréal. Son premier patron, l'architecte et urbaniste Guy R. Legault, l'a engagé en 1962. «Michel a contribué à l'introduction de l'architecture dans le métro, relate-t-il. Il s'était chargé, avec une rapidité incroyable, de produire une perspective de la station McGill. Ce dessin a été le meilleur instrument pour faire comprendre notre idée. Les plans finaux de la station, préparés par un autre architecte, ont donné un résultat extraordinairement semblable.»

Ayant oeuvré comme urbaniste aux gouvernements du Canada, du Québec et de l'Ontario, le membre émérite de l'Ordre des urbanistes du Québec aura consacré la plus grande partie de sa carrière à l'enseignement, essentiellement à la Faculté de l'aménagement de l'Université de Montréal. «Michel pouvait fasciner ses étudiants par sa curiosité. Même à sa retraite, on recevait régulièrement des courriels de sa part ayant trait à des problématiques urbaines à l'échelle planétaire», souligne l'urbaniste et professeur Gérard Beaudet, ex-directeur de l'Institut d'urbanisme de l'Université de Montréal.

«Ces dernières années, Michel a continué à accompagner les étudiants dans leur cheminement. Pour lui, le rôle de professeur ne s'arrêtait pas à cinq heures, ni à la retraite», souligne son épouse, l'architecte Michèle Bertrand.

Un ouvrage d'urbanisme en héritage

Le dessin et la peinture auront toujours été présents dans sa vie. «Lors d'un voyage à Athènes, nos appareils photo ont été oubliés dans un taxi. Nous nous sommes procuré des carnets et crayons et nous réalisions des croquis plutôt que des photos. Michel avait raison: pour comprendre les paysages urbains, il faut les voir, les marcher, les dessiner. Nous n'avons jamais cessé de traîner nos carnets en voyage par la suite», raconte Mme Bertrand.

«Imaginatif et intuitif, Michel était capable de concrétiser le savoir dans des applications utiles et efficaces. Il était généreux de ses idées, savait les expliquer et entraîner les autres dans son sillon», observe Guy Perrault, qui signe la préface de Rues de Montréal, une monographie rassemblant 134 aquarelles, lancée quelques jours avant sa mort.

Rues de Montréal est paru le 23 octobre aux Éditions GID.

«Cet ouvrage constitue l'incarnation de son héritage, affirme Gérard Beaudet. À travers ses aquarelles et les nombreuses pages consacrées à l'environnement urbain, Michel Barcelo traduit son amour de la ville, de Montréal. Avec sa sensibilité artistique, il est allé chercher ce qu'aucune photo ne pouvait rendre.»

«Et il l'aura fait à la fin de sa vie, comme son chant du cygne», termine M. Legault.