Jamais un protecteur du citoyen n'aura été aussi connu. De 1987 à 2001, il avait même un nom: Daniel Jacoby.

Daniel Jacoby naît en pleine Seconde Guerre mondiale à Bordeaux. Dans la France d'après-guerre, ses parents peinent à trouver du travail. La famille s'exile alors quelques années en Égypte, puis immigre au Québec. Daniel Jacoby a alors 11 ans.

En 1968, il obtient une maîtrise en droit et se spécialise dans le droit civil. Me Jacoby l'enseignera à l'Université de Montréal, où l'ancien ministre de la Justice Herbert Marx l'a connu.

«À l'époque, il y avait des professeurs de droite et des professeurs de gauche, se souvient l'ex-collègue. Entre les deux, il y avait Daniel Jacoby. Il avait toujours une opinion un peu différente de celles des autres!»

Daniel Jacoby a été sous-ministre de la Justice de 1980 à 1987, année où il est nommé protecteur du citoyen. Sa plus grande contribution aura été son rapport sur les orphelins de Duplessis en 1997.

Daniel Jacoby et Lucie Lavoie ont travaillé ensemble 14 ans au bureau du Protecteur du citoyen. Mme Lavoie s'est notamment occupée du dossier des orphelins de Duplessis et s'en souvient encore très bien. «On a réussi à mettre beaucoup de baume sur les plaies de ces gens-là. On n'a pas tout réglé, on ne peut pas refaire les vies! Mais Daniel Jacoby voulait qu'on travaille à la source du problème pour corriger au-delà du cas. Il a été un grand protecteur du citoyen!»

Un père modèle

Claudie Jacoby est extrêmement fière de son père, son modèle. Avec raison. Daniel Jacoby était à l'époque invité sur plusieurs plateaux pour discuter de justice sociale, donner des conférences. C'était une référence, et les gens le connaissaient par son nom. Daniel Jacoby a certainement contribué à faire connaître le rôle du protecteur du citoyen, qui était parfois même confondu avec la Protection des consommateurs.

«C'est le seul temps où on a vu le protecteur du citoyen prendre autant de place, affirme Claudie Jacoby. La justice était importante pour lui, et il était toujours là pour les plus démunis. Les orphelins de Duplessis, par exemple, il prenait ça vraiment à coeur et il tenait à ce que justice soit faite.»

Daniel Jacoby était avant tout un joyeux luron qui aimait voyager, pêcher et cuisiner, raconte-t-elle. «Quand il enlevait son veston et sa cravate, c'était un monsieur bon vivant!»

Daniel Jacoby aura été également président de l'Association internationale des ombudsmans et médiateurs de la Francophonie en 1998, association dont il a lui-même eu l'idée.

L'homme de loi épris de justice s'est éteint le 3 septembre entouré de sa famille. Daniel Jacoby laisse dans le deuil ses deux filles Yolaine et Claudie, trois petits-enfants et le souvenir d'un monsieur exceptionnel, brillant et humain.