L'un des avocats les plus respectés du Québec n'est plus. Bernard Roy, connu pour son rôle comme procureur en chef de la commission Gomery, est décédé à Montréal des suites d'un cancer le 13 mars dernier. Il avait 73 ans.

L'avocat-conseil au bureau montréalais Norton Rose, expert en droit civil, commercial et administratif, était l'un des ténors du barreau du Québec et un ami intime de l'ancien premier ministre du Canada Brian Mulroney, pour qui il a été chef de cabinet de 1984 à 1988.

Les deux hommes ont fait connaissance en 1960 à Québec, ville natale de Me Roy, où ils étudiaient le droit à l'Université Laval. «Je l'ai rencontré la première journée à la faculté, et puis au fil des ans nous sommes devenus de grands amis, en plus d'être collègues», a confié à La Presse l'ancien premier ministre progressiste-conservateur, aujourd'hui avocat associé chez Norton Rose.

Brian Mulroney se souvient d'un homme «intègre», à qui il attribue un rôle essentiel, pendant ses années comme chef de cabinet, dans la négociation du traité de libre-échange Canada-États-Unis, l'élaboration d'une politique contre l'apartheid en Afrique du Sud, et la lutte contre les pluies acides.

Bernard Roy était également ni plus ni moins que «l'architecte» de la stratégie de négociation de l'accord du lac Meech, estime M. Mulroney. «Il a fait tout le travail préparatoire avec [le premier ministre du Québec] Robert Bourassa. C'est Bernard qui était mon homme de confiance», ajoute-t-il.

Un proche de Mulroney à la commission Gomery

Souvent appelé à jouer un rôle de médiateur et d'arbitre, Bernard Roy s'est fait connaître du public en tant que procureur en chef de la commission Poitras (1997-1998) sur la Sûreté du Québec, puis plus récemment de la commission Gomery (2004-2005) sur le programme des commandites sous le gouvernement libéral.

Si John Gomery a, de son propre aveu, retenu les services de l'ancien collaborateur des conservateurs pour faire taire les critiques qui lui soupçonnaient des sympathies à l'égard du Parti libéral, il l'a également nommé pour son expérience et son «intégrité sans faille». Aujourd'hui, le juge à la retraite ne regrette en rien son choix. «Il a fait un travail remarquable», souligne-t-il.

De toute façon, insiste John Gomery, Me Roy n'aurait pu introduire un biais dans la commission d'enquête puisqu'il n'a «jamais eu de philosophie politique particulière». «Il avait accepté d'être le chef de cabinet de M. Mulroney par amitié [...]. La preuve, pour son deuxième mandat, Bernard n'était plus là. Il n'aimait pas la partisanerie de la Chambre des communes», se souvient-il.

Bernard Roy a également siégé à de nombreux conseils d'administration, dont l'École nationale de théâtre, l'Orchestre symphonique de Montréal et la Société du Vieux-Port. En 2011, son «parcours exemplaire» lui a valu le titre honorifique d'Avocat émérite décerné par le Barreau du Québec. Il avait alors déjà commencé sa lutte contre le cancer.

Il laisse dans le deuil son épouse, Marianne Ignacz et son fils, Philippe. Une cérémonie religieuse a eu lieu mercredi à l'église Saint-Léon-de-Westmount.