Madeleine Grenier-Laperrière, celle à qui des milliers de Québécois ont téléphoné pour demander aide et réconfort, s'est éteinte le 18 mars à l'âge de 84 ans. Elle était la fondatrice d'Éducation-Coup-de-Fil, un service d'appel anonyme et gratuit d'aide et de soutien à la famille qui a fêté ses 30 ans cette année.

Madeleine Grenier-Laperrière est née en 1929 à Montréal où elle a passé toute sa jeunesse. Après des études en service social à l'Université Laval à Québec, elle revient à Montréal pour travailler et s'installe ensuite, dans les années 70, à Anjou où elle restera toute sa vie.

Au début de sa carrière, elle est très active dans les groupes de parents et s'intéresse particulièrement à la petite enfance et aux relations parents/enfants.

C'est son expérience sur le terrain en tant que travailleuse sociale qui l'inspire à mettre sur pied l'organisme Éducation-Coup-de-Fil.

«Elle a toujours été très engagée socialement, se rappelle sa fille Hélène Laperrière», psychoéducatrice et elle-même intervenante pour Éducation-Coup-de-Fil. «Durant sa jeunesse, elle était engagée dans des mouvements d'intervention sociale comme la Jeunesse ouvrière chrétienne.»

«Elle faisait beaucoup de bénévolat. Souvent, quand j'étais jeune, les gens venaient chez nous pour la consulter. Ils en parlaient autour d'eux et ils venaient de plus en plus nombreux. Elle a remarqué qu'il n'existait pas de ressources pour les difficultés familiales courantes.»

Éducation-Coup-de-Fil

Madeleine Grenier-Laperrière fonde en 1983 Éducation-Coup-de-Fil, un service téléphonique facile d'accès, anonyme et gratuit, qu'elle dirige jusqu'en 1993. Au départ, ils ne sont que deux intervenants et Éducation-Coup-de-Fil est d'abord hébergé et soutenu par l'Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal avant de devenir un organisme autonome trois ans plus tard.

Éducation-Coup-de-Fil est le premier organisme du genre. «Il existait déjà des lignes d'écoute, mais elles s'adressaient plutôt aux personnes en situation d'urgence», explique Hélène Laperrière.

La ligne téléphonique est la première à offrir consultation et prévention relativement aux difficultés de la vie familiale quotidienne. Tous les intervenants sont diplômés et ont une expérience de terrain: travailleurs sociaux, orthopédagogues, psychologues, psychoéducateurs.

Le service s'adresse à tout adulte qui assume une responsabilité envers un enfant ou un adolescent, un parent, ou encore un grand-parent. Le service s'adresse aussi aux jeunes eux-mêmes. Les intervenants aident les parents à trouver une solution à leurs problèmes d'éducation ou de relation avec leurs enfants. L'organisme publie également des guides, offre des ateliers pour parents et intervenants sur différents thèmes comme l'après-séparation et propose également un site internet.

En 1983, pour sa première année d'activité, Éducation-Coup-de-Fil a reçu 235 appels. Deux ans plus tard, le nombre passe à 1500 et dépasse les 2000 en 1990. L'organisme reçoit entre 2500 et 3000 appels par an et vient de franchir le cap des 70 000 consultations téléphoniques offertes depuis sa création.

Victime de son succès, l'organisme et Madeleine Grenier-Laperrière ont souvent été à la recherche de ressources financières. En 1993, Centraide du Grand Montréal a accordé une subvention récurrente à Éducation-Coup-de-Fil. Centraide est toujours la principale source de financement de l'organisme qui vit également grâce à des subventions du ministère de la Famille et à des dons privés.

Prévention et soutien

«Il y a eu des moments difficiles pour ma mère quand il manquait de fonds. Sa préoccupation a toujours été de conserver la mission d'Éducation-Coup-de-Fil: faire du soutien et de la prévention pour éviter d'éventuels problèmes plus graves. Pour elle, la prévention a toujours été un besoin urgent et doit être considérée comme une priorité», estime Hélène Laperrière.

«Elle aidait les gens à trouver des solutions à partir d'eux-mêmes, elle valorisait toujours ce que le parent faisait, elle accueillait chaque personne sans porter de jugement et la faisait se sentir privilégiée. Les autres passaient toujours avant elle. J'ai rencontré de très nombreuses personnes qui m'ont dit qu'elle était comme une seconde mère pour eux», livre sa fille.

Restée très engagée jusqu'à récemment dans l'organisme, Madeleine Grenier-Laperrière a reçu le prix Grand Coeur d'Air Canada en 1988 pour son engagement dans la communauté.

Madeleine Grenier-Laperrière laisse dans le deuil son époux Jean Laperrière et leur fille Hélène.

Les funérailles ont été célébrées le samedi 23 mars à l'église Notre-Dame d'Anjou.