La nouvelle ministre de l'Éducation de l'Ontario a soufflé le chaud et le froid, lundi, en parlant du nouveau programme d'éducation sexuelle que les élèves suivront dès l'automne prochain.

Lisa Thompson a finalement indiqué qu'aucune décision n'avait été prise sur des concepts comme le consentement, la sécurité sur les médias sociaux et l'identité de genre.

Le nouveau gouvernement progressiste-conservateur de la province a annoncé la semaine dernière qu'il reviendrait à la version du curriculum datant de 1998, pendant que des consultations sont effectuées pour créer le nouveau programme.

Mme Thompson avait d'abord dit devant l'Assemblée législative que le nouveau gouvernement retiendrait certaines parties du plus récent programme, mis en place en 2015 par le gouvernement libéral de Kathleen Wynne.

«Nous savons bien que (les élèves) doivent apprendre sur le consentement, a déclaré Mme Thompson. Nous savons qu'ils doivent en apprendre davantage sur la sécurité dans les médias sociaux, sur l'identité de genre, mais nous savons aussi que le processus de consultation du gouvernement libéral précédent était complètement biaisé.»

Un peu plus tard, Mme Thompson avait confié aux journalistes que le gouvernement n'éliminerait pas toutes les parties du programme. «Ce que nous allons revoir, c'est le développement des relations d'ordre sexuel», a-t-elle soutenu.

Lundi, en fin de journée, le bureau de la ministre a toutefois transmis un communiqué qui semblait contredire ce qu'elle avait affirmé plus tôt.

«Nous n'avons pris aucune décision sur ce à quoi ressemblera le nouveau curriculum. La décision finale sur la portée du nouveau curriculum se basera sur ce qu'on entendra de la part des parents ontariens», est-il écrit dans le communiqué.

«Pendant que ces consultations ont lieu, nous revenons à l'entièreté du curriculum qui était enseigné en 2014. Ce curriculum laisse amplement d'espace pour discuter des enjeux sociaux actuels.»

Les critiques ont rappelé depuis que le programme d'il y a 20 ans n'incluait pas beaucoup de thèmes modernes dont les jeunes ont maintenant besoin, comme naviguer de façon sécuritaire dans les médias sociaux. Le programme de 1998 ne traitait pas non plus de sujets comme le mariage entre conjoints de même sexe ou l'identité de genre.

Manque de consultations?

Le premier ministre Doug Ford a promis à maintes reprises de remplacer le programme d'éducation sexuelle. Lors de la course à la direction du Parti progressiste-conservateur, plus tôt cette année, puis durant la campagne électorale du printemps, il soutenait que les parents n'avaient pas été consultés adéquatement sur le projet de réforme présenté par les libéraux.

Le programme modernisé comprend des mises en garde sur l'intimidation et le sextage en ligne, qui n'étaient pas dans la version précédente. On y aborde également le mariage homosexuel, l'identité de genre et la masturbation.

La chef de l'opposition néo-démocrate, Andrea Horwath, a estimé que les déclarations de lundi démontrent clairement que le gouvernement Ford ne sait pas ce qu'il fait dans le dossier de l'éducation sexuelle à l'école. «Septembre arrive à grands pas, a-t-elle dit. Il est répréhensible et irresponsable que ce gouvernement ait tout laissé dans un désarroi tel que les enseignants de notre province ne savent même pas ce qui se passera en septembre.»

Le chef libéral intérimaire, John Fraser, a déclaré de son côté que le changement de cap du gouvernement remet en question les motifs mêmes qui ont poussé les conservateurs à abroger un programme enseigné dans les écoles depuis trois ans. «Il est irresponsable d'annuler ce programme (...) destiné à protéger nos enfants», a-t-il dit.