Des militants oeuvrant auprès de personnes réfugiées ont quitté Montréal, vendredi, en direction de la Montérégie à la tête d'une « caravane de bienvenue aux réfugiés », dans une mission de sensibilisation de trois jours.

Organisée par Solidarité sans frontières, la caravane souhaite à la fois envoyer le message aux migrants qu'ils sont les bienvenus au Canada, tout en sensibilisant les citoyens des municipalités visitées à la réalité de ces personnes en quête d'une terre d'accueil.

Ces militants portent également un discours politique d'inclusion qui s'en prend vivement aux politiques d'immigration canadienne, au premier chef l'entente sur les tiers pays sûrs conclue entre le Canada et les États-Unis, qu'ils qualifient de « honteuse ».

« Nous allons dénoncer la violence des lois migratoires canadiennes et nous allons encourager la solidarité dans la région frontalière pour les personnes migrantes qui se voient forcées de traverser de façon irrégulière en raison de l'entente sur les tiers pays sûrs », a déclaré la porte-parole de Solidarité sans frontières, Javiera Araya.

C'est cette entente qui pousse les migrants à passer la frontière de façon irrégulière, car elle prévoit qu'une personne désirant réclamer l'asile sera refoulée aux États-Unis si elle se présente à un poste frontalier régulier, puisque les États-Unis sont considérés comme un pays sûr en vertu de l'accord. En contrepartie, le Canada peut accueillir les personnes qui franchissent la frontière de façon irrégulière, comme c'est notamment le cas au chemin Roxham, près du poste frontalier de Lacolle.

Bien que ce passage soit assez sécuritaire, les militants rappellent que des migrants ont souvent mis leur vie en péril en cherchant à traverser l'hiver, notamment au Manitoba. Une femme originaire du Ghana, Mavis Otuteye, 57 ans, qui cherchait à rejoindre sa famille à Toronto, avait été retrouvée morte de froid en mai 2017 à quelques centaines de mètres de la frontière manitobaine.

« Vraisemblablement, on ne peut pas compter sur les gouvernements pour adopter des politiques qui défendent les droits humains des personnes qui traversent en situation irrégulière », a laissé tomber Amelia Orellana, du Comité pour les droits humains en Amérique latine.

Ces passages irréguliers se sont multipliés depuis l'arrivée du président Donald Trump, dont les militants dénoncent la rhétorique et les politiques qui encouragent les personnes sans papier à fuir les États-Unis.

Plusieurs acteurs politiques ont réclamé la suspension ou la renégociation de l'entente sur les tiers pays sûrs, mais les participants à la caravane vont beaucoup plus loin, estimant que le Canada doit tout simplement y mettre un terme et accueillir tous les migrants qui traversent la frontière, sans les soumettre au processus d'acceptation prévu.

« On n'est pas d'accord avec le fait d'essayer de négocier un autre type d'entente qui va de toute façon finir par faire une analyse cas par cas des migrants et qui va donc finir par en exclure certains. Nous croyons que tout le monde devrait être capable de traverser », a affirmé Mme Araya.

Leur discours déborde d'ailleurs largement la question des migrants, puisqu'ils dénoncent les agissements du Canada - et des États-Unis - qu'ils accusent d'être responsables d'une « importante dégradation économique et sociale » dans les pays du Moyen-Orient, de l'Amérique latine, des Antilles, de l'Afrique et de l'Asie.

« Au lieu de blâmer les migrants d'avoir fait des bons choix, mettons notre énergie non seulement à les accueillir, mais aussi à dénoncer les politiques étrangères canadiennes, qui continuent à piller les pays du sud et financer les guerres », a déclaré la militante Safa Chabbi, qui accompagnait la caravane.

La caravane se rendra d'abord à Sutton, vendredi, puis à Frelighsburg, samedi, pour conclure sa tournée, dimanche, à Lacolle.