La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a offert vendredi son appui à l'ambassadrice des États-Unis au Canada, Kelly Craft, pour les « menaces inacceptables » dont celle-ci a fait l'objet la veille.

Une enveloppe contenant une « substance suspecte », adressée à l'envoyée de Donald Trump, a été découverte jeudi par des employés qui procédaient au tri sécuritaire du courrier dans un centre situé à l'extérieur de l'édifice de la rue Sussex, à Ottawa, selon un porte-parole de l'ambassade américaine.

Un examen de la substance a permis de déterminer qu'elle n'était « pas dangereuse », a indiqué ce porte-parole, sans vouloir préciser si la lettre contenait des menaces. « L'incident fait l'objet d'une enquête, alors nous ne pouvons fournir davantage de renseignements », a-t-il conclu.

La ministre Chrystia Freeland a écrit vendredi après-midi sur Twitter qu'elle avait exprimé son appui à la chef de mission américaine « à la suite des menaces absolument inacceptables envers elle ».

« Son travail est essentiel et difficile, et le Canada respecte ses services », a-t-elle ajouté.

Les deux femmes ont eu un tête-à-tête vendredi. La ministre des Affaires étrangères, qui a reçu la diplomate dans son bureau du parlement, a dit avoir notamment discuté « des répercussions négatives des tarifs américains imposés par la section 232 (sur la sécurité nationale) ».

L'envoi de la lettre suspecte à Kelly Craft survient alors que les relations entre le Canada et les États-Unis sont particulièrement tendues.

Ottawa et Washington étaient déjà en froid après que Donald Trump eut frappé le Canada de tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium, le 1er juin dernier. Le Canada a répliqué le jour même et annoncé que des mesures de rétorsion similaires entreraient en vigueur le 1er juillet.

Mais les choses ont véritablement tourné au vinaigre à l'issue du sommet du G7 de La Malbaie, alors que le locataire de la Maison-Blanche s'est livré à une charge personnelle sans précédent contre le premier ministre canadien.

Tout juste après avoir quitté le Québec, samedi, il a désavoué le communiqué commun auquel sa délégation avait pourtant adhéré, puis a taxé Justin Trudeau de « malhonnête » et de « faible » dans des gazouillis écrits depuis l'Air Force One.

Le lendemain, la Maison-Blanche a envoyé sur les plateaux d'émissions américaines des membres de la garde rapprochée du président, qui ont tenu des propos encore plus vitrioliques à l'endroit du premier ministre canadien.

L'un d'eux, le conseiller au commerce Peter Navarro, a balancé sur les ondes de Fox News, réseau chouchou du président, qu'il y avait « une place spéciale en enfer pour tout dirigeant étranger qui fait preuve de mauvaise foi diplomatique avec le président Donald J. Trump ».

Au gouvernement Trudeau, on n'a pas voulu mettre de l'huile sur le feu. Depuis qu'il est rentré de Charlevoix, le premier ministre a refusé à maintes reprises de réagir à ces attaques verbales en provenance du sud de la frontière.

« Le Canada ne croit pas que les attaques ad hominem sont une manière particulièrement appropriée ou utile de gérer nos relations avec les autres pays », a argué la ministre Freeland, que l'on avait envoyée pour s'adresser aux journalistes, dimanche dernier à Québec.