Les Iraniens qui souhaitent obtenir leur résidence permanente au Canada doivent généralement attendre plus longtemps que les nouveaux arrivants d'autres nationalités.

Environ 4150 dossiers iraniens sont en attente pour des vérifications de sécurité liées à un séjour d'affaires temporaire, et quelque 975 autres dossiers sont en instance pour une résidence permanente, selon l'Agence des services frontaliers du Canada.

Le temps moyen des vérifications de sécurité pour les Iraniens qui demandent une résidence permanente est de 293 jours, a indiqué récemment Marta Morgan, la sous-ministre du ministère de l'Immigration.

Amin Jafari Sojahrood est l'un de ces demandeurs. M. Sojahrood a fait des études en physique biomédicale au Canada, et il a reçu plusieurs distinctions pendant son parcours scolaire.

Plusieurs établissements dans le monde ont tenté de le recruter, mais il souhaite rester au Canada. Il se retrouve toutefois devant un grand dilemme, puisqu'il attend depuis plus d'un an sa résidence permanente.

M. Sojahrood trouve désolant de se faire considérer comme une menace alors qu'il est dans ce pays depuis neuf ans.

«Je me sens très discriminé, très ciblé», a-t-il confié, en retenant ses larmes.

Interrogé par La Presse canadienne sur les raisons de ces longs temps d'attente, le bureau ministre de la Sécurité publique a pris plusieurs jours à répondre.

Dans une déclaration écrite transmise par courriel, le porte-parole du ministre Ralph Goodale a admis que le processus pouvait s'avérer frustrant pour les demandeurs, ajoutant que les raisons des longs temps d'attente variaient selon les cas.

«Le temps de traitement des demandes de résidence permanente pour les citoyens iraniens est plus long que la moyenne internationale depuis quelques années», a avoué le porte-parole Scott Bardsley.

«Cependant, nous avons fait des améliorations importantes quant à la disparité entre les demandes iraniennes et celles des citoyens d'autres pays.»

En 2015, le temps d'attente moyen pour les Iraniens ayant fait une demande de résidence permanente était 92 pour cent plus long que pour les citoyens d'autres pays. En 2017, ce pourcentage avait diminué à 41 pour cent.

En date du 1er mai, la durée moyenne des vérifications de sécurité liées aux dossiers iraniens de résidence permanente était «en phase avec les autres nationalités», selon le ministère.

Des raisons variées

Les vérifications de sécurité sont l'une des explications des temps d'attente, selon M. Bardsley. La complexité des dossiers et les requêtes additionnelles d'informations transmises aux demandeurs influencent aussi le processus.

M. Bardsley a aussi rappelé qu'il n'y avait pas de services consulaires du Canada en Iran. «La vérité est que chaque demande est gérée au cas par cas, et il n'y a aucune explication simple sur le temps d'attente», a-t-il ajouté.

Il a aussi suggéré que certains demandeurs pourraient avoir mal compris les informations affichées en ligne. Les temps d'attente moyens sur le site couvrent 80 pour cent des cas, mais il en reste 20 pour cent qui nécessitent de plus longues procédures.

«Notre gouvernement accueille à bras ouverts les Iraniens au Canada et apprécie leur énorme contribution au pays. Nous continuerons de travailler pour nous assurer que nos systèmes de traitement soient les plus efficaces possible», a-t-il conclu.

La porte-parole néo-démocrate en matière d'immigration, Jenny Kwan, juge toutefois que ces longs temps d'attente sont inacceptables.

«Ce sont des individus que le gouvernement dit vouloir attirer et retenir au Canada. Ils sont hautement qualifiés, hautement éduqués, hautement spécialisés et proviennent des secteurs de la recherche et des technologies», a-t-elle rappelé.

«Ce n'est pas correct. C'est un enjeu de discrimination», a-t-elle plaidé, ajoutant que plusieurs de ces demandeurs avaient déjà fait l'objet de vérifications avant d'étudier ou de visiter le Canada ou d'autres pays.