L'interdiction de la thérapie de conversion par la Ville de Vancouver envoie un message clair contre les traitements visant à «guérir» les gens de leur homosexualité, estiment des militants et des experts.

Le soutien unanime des membres du conseil municipal au règlement interdisant les techniques pour tenter de convaincre des personnes de changer d'orientation sexuelle ou d'identité de genre aidera les individus concernés à rejeter ce type de thérapie, croit le conseiller Tim Stevenson, qui a mené la campagne en faveur de la proposition.

La psychologue Ashleigh Yule révèle que de jeunes adultes lui ont déjà raconté comment ils avaient été poussés à suivre de tels programmes lorsqu'ils étaient adolescents.

Mme Yule, qui travaille avec des jeunes issus des communautés LGBTQ, affirme que le règlement de Vancouver a une forte portée symbolique, mais aussi un côté pratique parce qu'il offre un regard dépourvu de jugement à ceux et celles qui se questionnent sur leur sexualité.

«Mon opinion professionnelle à ce sujet, c'est qu'avoir ces textes législatifs sur le plan municipal, provincial ou, ultimement, fédéral serait très utile, indique-t-elle. Je n'ai pas l'impression que cette thérapie est une forme de thérapie. J'ai l'impression que c'est une pratique nuisible.»

Selon la psychologue, la thérapie de conversion existe au Canada, mais est très difficile à détecter parce qu'elle se déroule souvent durant des événements privés organisés par des groupes religieux.

«Cela existe, c'est certain. Mais c'est difficile à trouver si vous cherchez sur le web ou dans l'annuaire, soutient-elle. Je sais que cela existe d'un point de vue clinique parce que j'ai rencontré des personnes qui avaient survécu à cela.»

M. Stevenson dit s'attendre à ce que le règlement donne de l'espoir à bien des gens traversant une période sombre.

Le politicien âgé de 73 ans, qui est ouvertement gai, confie s'être lui-même questionné sur son identité sexuelle jusqu'à l'âge de 30 ans et savoir qu'il existait une loi lui proposant du soutien durant ce moment difficile lui aurait probablement apporté un peu de réconfort.

La professeure Elizabeth Saewyc, qui dirige l'école de soins infirmiers de l'Université de Colombie-Britannique, pense que le conseil municipal de Vancouver a mis sur la sellette un sujet souvent considéré comme tabou.

Mme Saewyc révèle qu'elle a souvent été approchée par des parents qui s'inquiétaient au sujet de la sexualité de leurs enfants, mais qu'elle leur a toujours recommandé de se tenir loin de la thérapie de conversion.

«Ce n'est pas une approche fondée sur des données probantes, explique-t-elle. En fait, il existe des preuves que cela peut causer du tort. La meilleure stratégie serait de mieux soutenir l'enfant et d'en prendre soin, peu importe son orientation sexuelle.»

Le règlement de Vancouver, qui a été adopté le 5 juin, fait suite à d'autres mesures semblables mises en place en Ontario et au Manitoba en 2015. Cette année, l'Union européenne a également voté pour interdire la thérapie de conversion parce qu'elle est dommageable.

L'Organisation mondiale de la santé, l'American Psychiatric Association, l'American Medical Association et la Société canadienne de psychologie s'opposent aussi à cette pratique.