Le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, mise sur un effort diplomatique auprès des États-Unis pour réduire le flot de migrants irréguliers qui entrent au Canada en contournant les postes frontaliers.

De passage à Saint-Bernard-de-Lacolle, vendredi, avec son porte-parole en matière de Sécurité publique, Pierre Paul-Hus, M. Scheer a accusé le gouvernement de Justin Trudeau de ne rien faire pour régler le problème.

«Toutes les solutions que le gouvernement a proposées à date [visent] à gérer la crise, mais pas à régler la situation», a déploré M. Scheer.

Pour Andrew Scheer, la solution passe par une renégociation avec les États-Unis de l'Accord sur les tiers pays sûrs. En vertu de cette entente, les demandeurs d'asile qui se présentent à un poste frontalier sont renvoyés aux États-Unis puisque leur vie n'est pas menacée dans ce pays.

Par contre, s'ils traversent la frontière ailleurs qu'à un poste frontalier, comme c'est le cas au désormais célèbre chemin Roxham en Montérégie, le Canada n'a d'autre choix que de remplir ses obligations internationales, accueillir les demandeurs et évaluer lui-même la validité de la demande de réfugié.

«Si on peut changer l'accord entre les États-Unis et le Canada pour les demandeurs d'asile, on peut régler le problème à la racine», a affirmé Andrew Scheer.

«Il faut changer le principe. Le principe est que, si vous êtes dans un pays sûr, c'est le pays où vous devez [demander] l'asile. C'est un principe qui s'applique seulement aux postes officiels. Mais si on peut avoir une expansion de ce principe pour [...] la frontière au complet, ça va aider la cause de la situation.»

Montrant du doigt les installations d'accueil érigées à la frontière, le chef conservateur a dit voir dans les mesures adoptées par Ottawa une résignation au caractère permanent du problème.

«La solution du gouvernement libéral est de dépenser de plus en plus d'argent. Ce n'est pas une vraie solution. On voit les édifices derrière nous: il y a un air de permanence», ont répété MM. Scheer et Paul-Hus à quelques reprises.

Andrew Scheer affirme que la crise a été causée par le message envoyé en janvier 2017 par le premier ministre sur les réseaux sociaux, dans lequel il affirmait que le Canada accueillerait les personnes persécutées (NDLR: le 27 janvier 2017, Justin Trudeau écrivait sur la plateforme Twitter: «À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, sachez que le Canada vous accueillera...»).

Cependant, la migration avait été déclenchée par l'annonce préalable du président américain Donald Trump de mettre fin au statut temporaire accordé aux dizaines de milliers d'Haïtiens réfugiés aux États-Unis à la suite du séisme de 2010 et d'expulser ceux-ci. Le président était passé aux actes en novembre 2017.

Andrew Scheer déplore que l'afflux de migrants qui ne sont pas de véritables réfugiés prive les personnes qui sont véritablement en détresse de venir au Canada: «Il y a des gens dans les camps de réfugiés en Afrique, au Moyen-Orient, qui font face à la persécution chaque jour et maintenant, les ressources du département de l'immigration vont à processer les applications de gens qui viennent de New York, du Dakota du Nord, de l'État de Washington. Ce n'est pas juste pour les réfugiés dans les endroits très très violents, très très dangereux.»

Pierre Paul-Hus, de son côté, note que l'afflux de faux réfugiés créera d'autres drames inutiles: «Ça prend au minimum un an pour la première réponse, ensuite les gens peuvent aller en appel. Donc il y a des gens qui peuvent être ici pour huit, neuf ans, dix ans.»

«Ce sont des drames humains qui peuvent se créer parce qu'il y a des enfants qui vont naître ici et des gens qui ne voudront pas être déportés si la demande est refusée après plusieurs années», a fait valoir M. Paul-Hus.