Le plus haut gradé des Forces armées canadiennes, le général Jonathan Vance, n'est pas satisfait des délais nécessaires à la conclusion des enquêtes internes sur les décès survenus dans ses rangs; il souhaite que les choses accélèrent.

Le général a formulé ces commentaires après que les parents de trois cadets décédés au Collège militaire royal eurent manifesté publiquement leur colère et leur frustration d'avoir attendu plus d'un an et de n'avoir toujours pas obtenu les résultats de l'enquête sur la mort de leurs fils.

On suspecte que Harrison Kelertas, Brett Cameron et Matthew Sullivan se soient tous trois enlevé la vie dans trois incidents distincts en 2016, mais la défense n'a toujours pas confirmé officiellement la cause de chacun des décès.

Jeudi, le général Jonathan Vance n'a pas voulu commenter directement les enquêtes. Les audiences ont été complétées au début de l'année dernière, mais les conclusions font toujours l'objet de révisions par les avocats militaires.

Le plus haut officier a toutefois déclaré que, malgré l'importance de mener rigoureusement les enquêtes, il n'est pas convaincu que celles-ci soient conduites aussi rapidement et efficacement qu'elles pourraient l'être.

«Je crois qu'il est temps qu'on analyse sérieusement la façon dont on procède», a-t-il répondu aux journalistes à la suite d'un événement organisé par l'Institut canadien des affaires mondiales.

Les familles des cadets Kelertas, Cameron et Sullivan sont loin d'être les premières à remettre en question la manière dont l'armée mène ce genre d'enquêtes. D'autres familles de soldats ainsi que l'ombudsman militaire ont déjà critiqué ce même système à plusieurs reprises à travers les années.

Dans l'un de ses rapports annuels, l'ombudsman Gary Walbourne a révélé que certains rapports ont été attendus durant trois ans et que la révision légale représente la partie la plus lourde du processus.

Parmi les mesures suggérées par le général Vance pour accélérer le processus, il propose de former des enquêteurs chargés de superviser ce type d'enquêtes de manière permanente.

«Je cherche une manière de rendre le processus plus professionnel», a-t-il laissé entendre.

«Souvent, les comités d'enquête ou les enquêtes sommaires sont vus comme des tâches secondaires. Il faut prendre du temps pendant qu'on est assigné à autre chose pour le faire. On a du personnel de haut rang qui dirige les enquêtes, mais ces gens-là ont aussi d'autres tâches très exigeantes», explique Jonathan Vance.

Le général a toutefois rejeté les reproches des familles qui disent ne pas pouvoir faire leur deuil sans la publication du rapport. Il soutient que ces enquêtes ne sont pas faites pour permettre aux familles de tourner la page.

«Les comités d'enquête ont pour but d'informer le chef d'état-major de la Défense et les Forces armées sur les changements qui doivent être apportés, ce qui a mal tourné, si quelqu'un doit être tenu responsable, etc.», a précisé M. Vance.

«Ils sont souvent perçus comme des mécanismes pour permettre aux gens de faire leur deuil et je comprends cela et je suis heureux qu'ils puissent aider les familles, mais ce n'est pas leur raison d'être», a-t-il ajouté.

Tout en voulant accélérer le processus, la priorité demeure que les enquêtes soient menées rigoureusement afin de répondre à toutes les questions des militaires.