Les électeurs ontariens se rendent jeudi aux urnes pour une élection qui pourrait redessiner la carte politique de la province si le Parti progressiste-conservateur de Doug Ford devance le Nouveau Parti démocratique, leur rival le plus sérieux, pour former un gouvernement majoritaire, comme le laissent entrevoir les plus récents sondages.

Quoi qu'il en soit, le vote mettra fin à 15 années de gouvernement libéral, comme l'a elle-même admis la première ministre Kathleen Wynne la semaine dernière, lors d'une annonce étonnante.

Les progressistes-conservateurs et les néo-démocrates ont été au coude à coude dans les sondages pendant la plus grande partie de la campagne, les conservateurs ayant vu fondre la forte avance dont ils jouissaient au début. Une égalité dans le vote populaire pourrait toutefois mener à un gouvernement conservateur majoritaire, selon certaines projections.

En tant que chef des conservateurs, M. Ford a formulé plusieurs promesses populaires, allant de la réduction du coût de l'essence de 10 cents le litre à l'introduction de la bière à un dollar en passant par une réduction des factures d'électricité. On lui a toutefois reproché son manque de transparence pour ne pas avoir dévoilé une plateforme entièrement chiffrée.

Alors qu'il restait environ une semaine dans la campagne, le parti a publié une liste de promesses et leur coût, mais il n'a pas indiqué comment il les paierait, quelle serait la taille des déficits ou pendant combien de temps exactement ?

En revanche, la chef du NPD, Andrea Horwath, a toujours été considérée comme la plus populaire des trois chefs de parti. M. Ford a donc attaqué à plusieurs reprises des candidats qu'il disait radicaux et inexpérimentés.

Les libéraux ont averti que le plan du NPD n'était pas réaliste, soulignant avec jubilation les erreurs mathématiques dans leur plateforme, y compris celle qui augmentait le déficit proposé de 1,4 milliard par année. Mme Wynne a également fréquemment dénoncé l'opposition de Mme Horwath à la législation de retour au travail, craignant que cela ne conduise à des grèves illimitées.

Mme Horwath a tendu la main aux électeurs indécis mercredi, en présentant le scrutin comme un choix « brutal » entre son plan positif pour aider les familles à créer de meilleures vies et les propositions de réduction des coûts de M. Ford.

Le NPD a été confiné au cours des dernières décennies à des poches de sièges dans le nord, dans le sud-ouest de l'Ontario et à Toronto. Mais les bonzes du parti affirment que leurs chiffres montrent qu'ils sont sur le point de s'emparer de sièges dans des régions plus vastes de la province, et qu'ils peuvent espérer décrocher plusieurs bastions libéraux.

Les libéraux sont arrivés au pouvoir en 2003 sous la direction de Dalton McGuinty et Mme Wynne a pris les rênes quand il a démissionné en 2013. Elle a mené le parti à la majorité en 2014, malgré le fait que la formation était déjà embourbée dans des scandales à cyberSanté Ontario et au service d'ambulance aérienne Ornge, et dans une facture pouvant atteindre 1,1 milliard pour annuler deux centrales au gaz.

Mais sa popularité a commencé à baisser rapidement et a chuté sous la barre des 20 pour cent en 2016 et 2017, en grande partie en raison de la colère suscitée par la hausse des prix de l'électricité.

Les libéraux ont finalement réduit les factures de huit pour cent, puis de 17 pour cent plus tard, mais de son propre aveu, Mme Wynne n'a pas su reconnaître assez tôt les répercussions des investissements dans le système énergétique sur les portefeuilles des gens.

Elle a également été critiquée pour sa privatisation partielle d'Hydro One et sa décision de replonger les livres de la province dans le rouge après les avoir finalement équilibrés en 2017-2018.

Mme Wynne a insisté sur le fait que les milliards de dollars qu'elle injectait dans les soins de santé, les services de garde et un programme de médicaments et de soins dentaires étaient des dépenses nécessaires.

Mme Wynne a passé les derniers jours de la campagne à supplier les électeurs d'élire quelques libéraux. Certains croient que le parti pourrait compter moins de huit élus vendredi matin, ce qui signifierait une perte du statut de parti officiel à l'Assemblée législative.