Le plan de triage des demandeurs d'asile promis par le gouvernement fédéral est retardé par l'élection provinciale ontarienne, a reconnu le ministre Marc Garneau mercredi.

«Ce travail-là est en train d'être fait par les fonctionnaires en Ontario, a-t-il expliqué. Il y a une élection qui va avoir lieu bientôt avec un gouvernement qui va être en place et, à ce moment-là, on sera plus en mesure d'avoir les détails finaux sur la question du triage pour ceux qui arrivent au Québec, mais qui veulent aller en Ontario.»

Celui-ci a tenu un point de presse en soirée, entouré du ministre fédéral de l'Immigration, Ahmed Hussen, et de son homologue québécois, David Heurtel, pour faire le point sur la crise des demandeurs d'asile. M. Garneau préside le groupe de travail intergouvernemental sur la migration irrégulière qui venait de tenir sa dixième rencontre.

Sans vouloir donner une date butoir, il a indiqué que les fonctionnaires du ministère de l'Immigration de l'Ontario travaillent à l'élaboration de ce plan de triage «avec beaucoup de diligence» et que ce plan serait mis en place le plus rapidement possible. L'élection ontarienne aura lieu le 7 juin.

Le plan de triage vise à permettre aux demandeurs d'asile qui arrivent au Québec d'aller s'installer dans une autre province s'ils le souhaitent.

«Si quelqu'un indique qu'il veut aller en Ontario, il faut mettre en place les mesures pour le transporter, l'accommoder et tout ce que cela entraîne», a détaillé M. Garneau.

Selon le ministre Heurtel, la majorité des gens arrivés au cours des derniers mois expriment le souhait de se rendre en Ontario.

«Pour nous, il est essentiel que le gouvernement fédéral s'assure que les personnes ne désirant pas rester au Québec ne restent pas au Québec», a-t-il affirmé en laissant entendre que cela réduirait la pression sur les sites d'hébergement temporaire.

Il a fait valoir qu'il y a eu plus de 9000 traversées irrégulières depuis le début de l'année, dont plus de 90 pour cent ont été effectuées au Québec. Il a ajouté que le taux d'occupation des places d'hébergement temporaire mises sur pied par son gouvernement frôle les 75 pour cent.

«Le Québec porte le poids à nouveau comme l'année dernière», a-t-il signalé.

Québec réclame 146 millions $ pour la prise en charge des demandeurs d'asile en 2017. Le gouvernement fédéral avait finalement accepté en avril d'examiner cette demande.

«Il y a des réunions très régulières sur le sujet et c'est très près», a affirmé le ministre Garneau mercredi sans vouloir donner plus de détails.

Entre-temps, le ministre Heurtel a demandé que le plan de triage soit mis en place rapidement et a insisté pour qu'Ottawa réduise le délai de traitement des demandes d'asile.

«Le fait que ça prenne des années à avoir une audition, puis des années avant que le processus total de traitement comprenant des appels (soit finalisé), ça se sait à l'international et c'est un facteur qui encourage des personnes à venir et elles viennent par le Québec», a-t-il expliqué.

Le ministre Hussen a rappelé que le gouvernement avait prévu 74 millions $ pour permettre à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié d'embaucher 64 nouveaux employés, ce qui devrait réduire le délai de traitement des demandes de 20 à 12 mois.

Il a également noté une diminution du nombre de demandeurs d'asile qui traversent la frontière de façon irrégulière chaque jour. Ce nombre est passé de 80 en avril à 51 en mai, un signe selon lui que l'approche du gouvernement fédéral fonctionne.