Plusieurs centaines de camionneurs artisans ont participé lundi à des manifestations locales à Montréal, à Québec et dans de nombreuses régions de la province pour réclamer le recours exclusif à des camionneurs inscrits à un bureau de courtage dans les chantiers de construction publics.

Ces manifestations multiples, qui ciblaient en priorité des centres de services du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports du Québec, ont rassemblé chaque fois quelques dizaines de camionneurs et n'ont à peu près pas perturbé la circulation ni les activités des chantiers de construction en cours.

Le directeur général de l'Association nationale des camionneurs artisans (ANCAI), Gaétan Légaré, a estimé lundi qu'environ 3000 camionneurs ont participé au mouvement à l'échelle du Québec.

M. Légaré, qui avait promis jeudi dernier une journée de manifestations « assez bordélique », s'est dit satisfait de la visibilité obtenue par ces petits entrepreneurs en transport de vrac, sans qu'aucun incident regrettable n'ait été signalé. Il a assuré qu'« on ne voulait pas nuire à la population » et qu'on a même réduit sciemment le nombre de camionneurs présents à Montréal afin de prévenir le chaos dans la circulation de la pointe du matin près de l'échangeur Turcot, dans le sud-ouest de la métropole.

ÉTABLIR « UN VRAI DIALOGUE »

« Les camions, c'est gros, et ça sait comment se faire voir et se faire entendre, a-t-il dit lundi lorsque La Presse l'a joint. On s'est assurés d'être visibles, mais sans trop déranger la population, comme on l'avait fait en 2016. En ce sens, je pense que c'est un succès. »

Le directeur de l'ANCAI a dit espérer lundi une rencontre prochaine avec le ministre des Transports André Fortin afin d'établir « un vrai dialogue » sur la sélection des camionneurs pour le transport en vrac dans les chantiers publics.

Dans une entrevue à Radio-Canada, lundi, le ministre Fortin s'est dit ouvert à une rencontre avec les représentants des camionneurs artisans. Il s'est toutefois dit peu enclin à modifier le système d'attribution des tâches en vigueur depuis six ans pour le transport des matériaux dans les chantiers de construction qui relèvent de son ministère.

Le cabinet du ministre n'a pas répondu aux demandes d'entrevue de La Presse, lundi.

SOUS L'ÉGIDE DE LA COMMISSION DES TRANSPORTS

Les 5200 artisans de l'ANCAI reprochent au gouvernement du Québec d'avoir ouvert le marché du transport de vrac à des entreprises de camionnage « qui n'ont de comptes à rendre à personne » parce qu'elles ne sont pas inscrites à un système de courtage supervisé par la Commission des transports du Québec.

Le transport de matériaux en vrac (sable, gravier, matériaux de remblai) représente un marché de 300 millions par année, soit environ 15 % des investissements du ministère des Transports sur les routes du Québec chaque année.

Les 88 bureaux de courtage en camionnage distribuent aux entreprises inscrites les demandes de travail en provenance des entrepreneurs en construction sur les chantiers publics. Depuis 2012, toutefois, le gouvernement du Québec autorise les entrepreneurs en construction à faire affaire avec des entrepreneurs qui ne sont pas inscrits aux bureaux de courtage jusqu'à hauteur de 50 % des besoins en camionnage.

Les camionneurs artisans réclament que le système de courtage soit étendu à l'ensemble de leur industrie, afin que les entreprises de camionnage soient toutes soumises aux mêmes règles et au même contrôle de la Commission des transports du Québec.