L'influente Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) note sévèrement les travaux menés jusqu'ici par l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

L'AFAC publie cette semaine, en tant que «tiers observateur impartial», sa troisième fiche de rendement au sujet de l'Enquête nationale lancée par le gouvernement de Justin Trudeau en décembre 2015. L'association estime notamment que les travaux de la commission manquent de transparence et qu'ils sont mal ciblés.

Selon l'association, les familles des victimes ont ressenti cette désorganisation comme un manque de respect à leur égard. Et alors que la demande de prolongation de deux ans n'est toujours pas acceptée par Ottawa, la dernière phase des travaux pourrait être précipitée, craint l'AFAC.

La présidente de l'association, Francyne D. Joe, s'attriste que lorsque le public entend parler de cette commission dans les médias, c'est pour apprendre son roulement constant de personnel ou sa demande de prolongation.

L'association accorde une note «échec» dans cinq des 15 secteurs analysés; cinq autres secteurs «pourraient faire mieux avec plus d'efforts», trois obtiennent la note de passage, et les deux derniers ne sont pas notés par manque d'informations. Il s'agit tout de même d'un meilleur bulletin que celui de mai 2017, alors que la commission échouait dans 10 des 15 secteurs étudiés.

Le bulletin de cette année signale encore sévèrement les problèmes de communication de la commission, notamment avec des familles qui n'ont pas nécessairement accès à internet.

L'Association des femmes autochtones du Canada espère maintenant que le gouvernement fédéral accordera à la commission une prolongation de son mandat, jusqu'au 31 décembre 2020. Sinon, son rapport final devra être déposé d'ici la fin de cette année.

«Les familles ne veulent pas d'un rapport qui sera tabletté: elles veulent pouvoir montrer aux autres gouvernements que nous reconnaissons les problèmes qui mènent à la disparition et au meurtre de femmes et de filles autochtones, et que c'est de cette façon que nous allons y mettre un terme et protéger nos femmes», croit Mme Joe.