Les examens médico-légaux pratiqués sur le corps et les vêtements du Canadien lynché par la foule qui le tenait responsable du meurtre d'une octogénaire figure d'une communauté indigène d'Amazonie n'ont pas permis d'apporter la preuve qu'il est l'auteur du meurtre, ont indiqué jeudi des sources judiciaires péruviennes.

Les tests pour déterminer s'il y avait de la poudre sur les mains ou les vêtements du Canadien «sont négatifs», a déclaré à l'AFP Omar Inca, responsable de la communication du bureau du procureur de la ville amazonienne de Pucallpa.

«C'est quelque chose à quoi on s'attendait. Le corps a été exposé (durant deux jours après le lynchage) à l'eau et à la terre, c'est pourquoi le test est négatif», a-t-il estimé.

Le Parquet a par ailleurs révélé que les enquêteurs avaient trouvé une arme à feu semblable à celle que Sebastian Paul Woodroffe avait achetée à un policier. Des tests balistiques seront effectués pour déterminer si c'est l'arme qui a été utilisée pour tuer Olivia Arevalo, chef autochtone de 81 ans et guérisseuse, il y a une semaine.

Selon le Parquet, l'arme a été découverte jeudi à proximité du lieu où la moto du Canadien de 42 ans a été retrouvée. «Nous allons voir si les cartouches trouvées sur le lieu du crime sont compatibles avec l'arme», a indiqué M. Inca.

La police recherche toujours deux suspects responsables du lynchage filmé du Canadien, José Ramírez et Nicolás Mori, membres de la même communauté que la chamane assassinée, pour «homicide qualifié présumé».

Sur cette vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, on distingue un homme, le visage en sang, assis sur une flaque de boue au milieu d'une foule en colère. «S'il vous plaît, non!», supplie-t-il tandis qu'une voix lui répond «Tu l'as bien cherché» et qu'un homme lui accroche une ceinture autour du cou.

Sebastian Paul Woodroffe, installé depuis deux ans dans la région, où il avait acheté 20 hectares de terres a été lynché près de l'endroit où Mme Arévalo a été abattue jeudi dernier.

Selon l'Association interethnique de développement de la jungle péruvienne, un homme à l'accent étranger s'est présenté à son domicile, l'a appelée par son nom et lui a tiré dessus sans dire un mot avant de prendre la fuite à moto.

La vieille dame a succombé après avoir été touchée par cinq balles à la poitrine à son domicile dans la région d'Ucayali, au nord-est du Pérou.

Selon le parquet, le mobile de son assassinat serait une dette impayée de 14 000 soles (environ 4300 dollars) de son fils envers le Canadien.