Tout reste à imaginer, mais les autorités fédérales assurent qu'un plan de triage des migrants qui entrent illégalement à la frontière, au Québec, sera en place avant la fin de la semaine prochaine.

Les cadres supérieurs de tous les ministères et agences du gouvernement fédéral impliqués dans cette crise tenaient une séance d'information technique, vendredi après-midi, pour donner les dernières statistiques sur les entrées illégales au pays.

Plus tôt cette semaine, Québec a réclamé qu'Ottawa allège sa charge en redirigeant dès leur entrée au pays les migrants qui veulent s'installer ailleurs qu'au Québec et ailleurs qu'à Montréal. Ottawa s'est engagé à le faire. Mais les hauts fonctionnaires, vendredi, admettaient ne pas savoir comment exactement cela se fera.

«On espère trouver une solution fonctionnelle dans les prochains jours, donc, au courant de la semaine prochaine», a déclaré un des responsables qu'on ne peut nommer.

«C'est sûr qu'il s'agit d'un effort qui commence. Est-ce que ça va être complètement fonctionnel à la fin de la semaine prochaine? Je ne pourrais pas vous dire. Mais certainement, les éléments de base seront mis en place», a-t-il ajouté.

Pour l'instant, les fonctionnaires avaient plus de questions que de réponses. «À quoi ça pourrait ressembler? Comment les provinces du Québec et de l'Ontario et les municipalités impliquées voudraient que le système (de triage) fonctionne?» Ils étaient incapables de décrire comment le transport de ces personnes serait organisé. Et puis ils soulignaient qu'il faudra trouver un moyen d'informer les demandeurs d'asile de leurs options «afin qu'ils prennent une décision éclairée» sur leur destination finale.

Mais malgré tous ces inconnus, ils s'engagent à livrer un système de triage en quelques jours.

Il faut dire que l'ordre politique est tout frais. Il a été donné mercredi alors que les ministres québécois et fédéral de l'Immigration s'affrontaient au sujet d'une facture de 146 millions, calcul des frais encourus par le Québec. En fin de journée, mercredi, le ministre fédéral Ahmed Hussen pliait, promettait de considérer un remboursement et s'engageait à trier les migrants à la frontière plutôt que de les laisser sur les bras des services sociaux québécois et, surtout, montréalais.

Encore plus nombreux

Pour ce qui est de l'afflux des migrants, les autorités fédérales s'attendent à en voir arriver encore plus que l'an dernier. En 2017, 20 593 sont entrés illégalement au Canada, puis ont demandé asile. Depuis le début de cette année, on en a déjà compté 6373 et le quatrième mois n'est pas encore fini. On en avait accueilli seulement 2784 durant les quatre premiers mois de l'an dernier.

Et c'est encore au Québec, et surtout par le chemin Roxham, que tout ce monde arrive. Depuis le 1er janvier, 5609 des 6373 sont entrés par le Québec.

Tout de même, les fonctionnaires livraient un message qui se voulait optimiste. Ils ont assuré que la gestion de l'accueil est bien plus efficace maintenant.

«Je pense qu'on est en bien meilleure position cette année qu'on l'était à la fin juillet, début août, quand on a fait face à la vague. On est maintenant prêt à le faire de façon organisée, respectueuse et dans les meilleurs délais.»