Le Directeur parlementaire du budget (DPB) estime qu'un investissement de 3,2 milliards serait nécessaire pour mettre à niveau les systèmes d'approvisionnement en eau dans les réserves des Premières Nations.

En campagne électorale, Justin Trudeau avait promis de faire disparaître en cinq ans les nombreux avis d'ébullition d'eau dans ces communautés.

Le DPB a donc calculé combien il faudrait investir afin que les systèmes d'eau dans les réserves soient de la même qualité que ceux des autres communautés au pays, avant 2020.

Dans un rapport publié jeudi matin, le directeur estime le coût de la mise à niveau des systèmes d'eau potable à 1,8 milliard. Il ajoute un montant de 1,4 milliard pour le traitement des eaux usées et finalement 361 millions pour les coûts annuels d'exploitation et d'entretien.

D'après ces calculs, le montant total des investissements du gouvernement fédéral depuis 2011-2012, additionné aux sommes annoncées en 2016, ne couvre que 70 % de la facture totale.

Le DPB prévient que ce total qu'il avance ne tient pas compte de la croissance démographique. Dans un scénario où il fait une projection de la croissance des communautés autochtones, la facture s'élève à 4,7 milliards.

La ministre responsable des Services aux Autochtones veut étudier ces chiffres de près avant de dire si elle croit, comme le DPB, qu'il faudra y mettre plus d'argent.

«Notre engagement est ferme et nous nous assurerons d'y mettre suffisamment de ressources pour que le travail se fasse», a déclaré la ministre Jane Philpott à l'entrée des Communes.

En lisant le rapport du DPB, l'opposition néo-démocrate conclut que le gouvernement libéral n'en fait pas assez, malgré ses promesses.

«Il y a 147 avis d'ébullition d'eau présentement dans les communautés. Quand les libéraux sont arrivés au pouvoir, c'était 133», a souligné le député Romeo Saganash, dans un point de presse à la suite de la publication du rapport. «C'est un pas en avant, deux pas en arrière», a-t-il dénoncé.

Au bureau de Mme Philpott, on veut corriger les chiffres cités par le député Saganash. On en soustrait les avis temporaires pour rapporter plutôt 69 avis d'ébullition d'eau «à long terme» dans les communautés dont les services d'eau sont financés par Ottawa.

Et lorsqu'on compare des oranges avec des oranges, c'est tout de même seulement huit de moins qu'il y a deux ans, admet le porte-parole de la ministre qui maintient que son objectif de faire disparaître tous les avis d'ébullition d'eau - en 2021 plutôt qu'en 2020 - sera atteint.

M. Saganash estime que le gouvernement n'a pas un «plan sérieux et rigoureux» pour atteindre cet objectif. Il croit qu'il faut non seulement investir dans les infrastructures, mais également dans la formation afin que les communautés elles-mêmes puissent maintenir la qualité des systèmes installés.

«Il n'y avait pas de plan pour former les techniciens et les retenir. Maintenant, cela fait partie de notre plan», a répondu la ministre Philpott à cette attaque. Elle assure que ce plan tient également compte de la croissance démographique.

Son critique néo-démocrate Charlie Angus n'en démord pas. La situation dans les réserves, selon lui, ne s'améliore pas. Il raconte que certains adolescents dans sa circonscription refusent de se laver les cheveux par peur des infections. «C'est parce qu'ils ne sont pas des Blancs», a accusé M. Angus lorsqu'on lui a demandé pourquoi cette situation, dénoncée depuis des années, perdure.

«Je trouve ça déplorable et inacceptable qu'on soit dans cette situation-là en 2017, dans un des pays les plus riches de la planète, (qui a) beaucoup de ressources qui sont prélevées de nos territoires traditionnels», s'est désolé M. Saganash qui est membre de la Nation crie.

«Qu'on ne réussisse pas à régler une question aussi importante que l'eau potable dans les communautés autochtones, je trouve ça inacceptable... parce que nous sommes en 2017», a-t-il souligné, reprenant une phrase associée à Justin Trudeau depuis son élection.