Les familles et les proches des femmes qui sont dans l'industrie du sexe et qui ne savent comment réagir, quoi faire, auront désormais à leur portée un guide que vient de réaliser la CLES.

La Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle (CLES) a dévoilé sa brochure, intitulée «Guide d'information destiné aux proches des victimes d'exploitation sexuelle - S'outiller pour mieux comprendre», lundi, au cours d'une conférence de presse à Montréal.

Le guide donne des outils aux parents inquiets pour déceler des indices, par exemple des signes potentiels que leur fille est victime d'exploitation sexuelle.

Il peut s'agir de prostitution, mais aussi de danse nue, de pornographie, de massages érotiques ou autre forme, a noté Chantal Ismé, organisatrice communautaire à la CLES.

Le guide explique par exemple les difficultés qu'éprouve une jeune femme à dévoiler à son entourage le fait qu'elle vit de la prostitution - honte, culpabilité, peur du jugement des autres, etc.

Il détaille également par quels processus les jeunes femmes entrent dans ce milieu. Souvent, elle tombera amoureuse d'un jeune homme. Dans d'autres cas, ce sera l'attrait de l'argent et du luxe, la consommation de drogues.

Et, surtout, le guide donne des outils pour s'en sortir. Il arrive que les femmes soient ambivalentes. «Il n'existe pas de processus typique de sortie et, souvent, les femmes et les jeunes filles feront plusieurs tentatives avant de pouvoir quitter l'industrie du sexe», écrit-on dans le guide.

On y donne aux proches des trucs sur les bonnes attitudes à adopter face à la victime et celles qui sont à éviter. Par exemple: une attitude nuisible est de douter de sa parole, de remettre en question ce qu'elle dit. L'attitude aidante est plutôt de croire ce que la victime dit et de se centrer sur son vécu et sa perception.

Le guide est disponible sur le web au www.lacles.org et sera également distribué par le réseau des 50 organismes partenaires, a noté Diane Matte, coordonnatrice de la CLES. Le guide a été réalisé grâce à une subvention du ministère de la Justice.

«Ce besoin de réaliser un tel outil est venu, entre autres, parce que dans la pratique, depuis un an et demi ou deux, la CLES reçoit de plus en plus d'appels de proches, de mères, de pères, de frères, de soeurs qui sont un peu décontenancés, quelques fois découragés, de savoir ce qu'ils peuvent faire pour soutenir leur fille, leur soeur, leur amie dans cette réalité», a rapporté Mme Matte.

«Comme un coup de masse»

Une mère dont la fille, qui avait 18 ans et demi au départ, travaille encore aujourd'hui dans cette industrie, a témoigné du fait que le guide décrivait bien les signes et les processus par lesquels elle est passée.

«Quand c'est arrivé, ça a été comme un coup de masse. Je ne comprenais vraiment pas. Je viens d'une bonne famille; on n'est pas en précarité monétaire. Ma fille, honnêtement, je trouvais qu'elle avait tout ce qu'elle voulait - probablement, peut-être qu'elle avait trop. C'est parti lorsqu'elle a rencontré quelqu'un, un jeune homme. Et je crois aussi qu'il y avait d'autres gens. Et elle était attirée beaucoup par l'argent, beaucoup; c'était un gros facteur», a relaté sa mère.

Elle n'a jamais rompu les ponts avec sa fille, qui, encore aujourd'hui, banalise le tout, selon elle. Sa fille parle d'étudier à l'université. Sa mère se considère d'une certaine façon chanceuse, puisque d'autres parents, avec qui elle a discuté, ont vécu des drames ou des situations encore plus graves avec leur fille.