La Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada (CISR) rapporte que 240 requêtes ont été traitées jusqu'à maintenant par l'équipe spéciale chargée d'entendre les nombreux demandeurs d'asile ayant franchi la frontière de manière irrégulière au cours de l'été.

De plus, 373 autres demandes doivent être entendues à compter de cette semaine.

Selon les chiffres de la commission, environ 50% des demandeurs d'asile dont le dossier a été étudié jusqu'à maintenant ont obtenu le statut de réfugié au Canada. Un taux d'acceptation qui concorde avec les statistiques historiques concernant les demandeurs d'origine haïtienne; la grande majorité des demandeurs d'asile arrivés au Québec durant l'été étaient des Haïtiens.

Une unité spéciale de 17 commissaires a été mise sur pied, en août, afin de gérer les requêtes de milliers de demandeurs d'asile ayant franchi la frontière canado-américaine depuis juillet.

Plus de 8000 demandes ont été déposées au Canada en juillet et en août. Le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration à la Chambre des communes a appris mardi qu'environ 2000 nouveaux demandeurs s'étaient ajoutés dans la première moitié de septembre.

Le sort des tous ceux qui ont passé la frontière de manière irrégulière avant le mois de juillet demeure inconnu puisque ces dossiers sont traités parmi toutes les autres requêtes de la CISR. Ces demandes ne font pas l'objet d'un suivi spécifique.

L'unité spéciale a pour objectif de traiter 1500 demandes d'ici la fin du mois de novembre. Par la suite, les demandes d'asile liées à des passages irréguliers à la frontière seront traitées à même la charge de travail normale.

Selon la vice-présidente de la Section de la protection des réfugiés de la CISR, Shereen Benzvy Miller, on s'attend à recevoir plus de 40 000 requêtes au total pour l'année 2017, soit bien plus que ce que l'institution est en mesure de traiter.

Des délais supplémentaires à prévoir

Le financement de la CISR prévoit des ressources pour le traitement de 24 000 dossiers par année.

Shereen Benzvy Miller a prévenu les élus que les délais d'attente allaient certainement augmenter pour les demandeurs d'asile.

«Le calcul est simple: à moins d'investir plus de ressources pour régler le problème, il va falloir plus de temps pour inscrire toutes les demandes à l'horaire et donc les délais d'attente seront plus longs», a dit Mme Miller aux parlementaires.

La principale raison ayant poussé autant de gens à entrer au Canada de façon irrégulière pour demander l'asile est l'Entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis, qui interdit aux gens, sauf exception, de demander l'asile aux postes frontaliers terrestres lorsqu'ils arrivent du territoire américain.

Des critiques de l'entente se sont fait entendre, alors que certains organismes prétendent que les politiques américaines actuelles en matière d'immigration font en sorte que les États-Unis ne sont plus un pays sûr pour les demandeurs d'asile.

Cependant, les responsables de l'immigration ont soutenu, mardi, qu'ils croient toujours au fonctionnement du système américain d'accueil des réfugiés.