Si les répercussions de la légalisation du cannabis, le 1er juillet prochain, préoccupent déjà certains milieux de travail, le sujet intéresse particulièrement les milieux où les questions de santé et sécurité sont omniprésentes, comme dans les chantiers de construction.

À l'Association de la construction du Québec, le porte-parole Éric Côté est clair: «notre règle ne changera pas: ce sera tolérance zéro pour les facultés affaiblies», qu'elles soient affaiblies par l'alcool, le cannabis ou toute autre substance.

Au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne, le représentant patronal a expliqué que non seulement les entrepreneurs doivent se soucier de la sécurité sur les chantiers, mais ils en ont même l'obligation.

Le Code de la sécurité sur les chantiers de construction est explicite à ce chapitre. «L'employeur a une obligation, en vertu des lois, de s'assurer que sur son chantier, il n'y ait pas de personne qui a les facultés affaiblies», souligne M. Côté.

«Les gens qui ont les facultés affaiblies sur un chantier augmentent les risques d'accident, peuvent même être la source d'un accident», tant pour eux-mêmes que pour leurs collègues de travail, rappelle-t-il.

Les travailleurs, les maîtres d'oeuvre, les différents entrepreneurs au chantier auront tous un rôle à jouer, croit-il.

«On ne laisse pas les gens conduire un véhicule avec les facultés affaiblies. Imaginez des équipements de chantiers, des équipements de plusieurs tonnes qui déplacent une grue. À ce moment-là, ça devient très dangereux sur un chantier», fait remarquer M. Côté.

L'ACQ fait déjà 24 000 visites de chantier par année pour aider les entrepreneurs à se conformer au Code de sécurité et elle continuera à en faire, précise-t-il.

FTQ-Construction

Du côté de la plus importante organisation syndicale de l'industrie, la FTQ-Construction, le directeur général Yves Ouellet tient à calmer le jeu. «Ça ne veut pas dire que le 2 juillet, sur les chantiers, tout le monde va se mettre à fumer un joint.»

M. Ouellet compare le phénomène du cannabis à celui de la consommation d'alcool. «L'alcool est légal et le monde ne va pas prendre quatre scotches pendant le break de 10 minutes.»

Certains, oui, ont des problèmes de surconsommation ou de toxicomanie. Et ceux-là peuvent être aidés par différents programmes qui existent déjà, note M. Ouellet.

Le dg de la FTQ-Construction prévient les entrepreneurs. «On ne veut pas que parce qu'ils légalisent le cannabis à partir du 1er juillet, l'année prochaine, les employeurs partent à la chasse aux sorcières et qu'ils se permettent de faire des tests. En légalisant le cannabis, ils n'ont pas enlevé la Charte des droits et libertés. Alors, il ne faut pas qu'il y ait d'abus là-dessus et qu'ils se mettent à sauter sur tout le monde, en voulant régler des cas parce qu'ils pensent que c'est ça», a lancé M. Ouellet.

«Il faut faire extrêmement attention aux droits des travailleurs là-dedans, pour ne pas que ça devienne arbitraire», a averti M. Ouellet.

Néanmoins, la FTQ-Construction prend la chose suffisamment au sérieux pour voir à sensibiliser ses 78 000 membres à ce sujet.

«Nous-mêmes, incessamment, on va commencer à faire de l'information plus pointue envers nos membres, leur expliquer tout ce que ça veut dire, les implications. Il y a une prévention aussi à faire là-dessus», admet M. Ouellet.