Le Bloc québécois ajoute sa voix à ceux qui demandent au gouvernement Trudeau de laisser plus de temps aux provinces pour s'ajuster à la légalisation du cannabis, prévue le 1er juillet. À l'heure actuelle, il fonce tête baissée sans se soucier des répercussions sur les provinces, dénonce la chef bloquiste Martine Ouellet.

Depuis que le gouvernement fédéral a annoncé cette légalisation l'an prochain, les provinces sont aux prises avec les répercussions qu'elles devront gérer, en matière de santé publique, de lieux de vente, d'encadrement dans les milieux de travail, de l'âge pour la consommation légale, et autres.

Encore récemment, des médecins, des corps policiers et le ministre québécois de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, exposaient différentes problématiques reliées à la légalisation du cannabis. «Socialement, ça va trop vite», a lancé plus tôt cette semaine le ministre Barrette, reprochant au gouvernement fédéral de vouloir se débarrasser du problème avant les élections.

«C'est la moindre des choses qu'il donne le temps pour que les gens puissent faire les choses correctement. On le voit que c'est improvisé, que c'est précipité. Ils ne savent pas où ils s'en vont», a dénoncé la chef bloquiste.

«Le gouvernement Trudeau, lui, s'en lave les mains» des coûts que cela engendrera pour les provinces en matière de santé, «en autant que mon 1er juillet soit respecté», affirme-t-elle.

Le Bloc a déjà proposé que tant la production que la distribution du cannabis soient confiées à une société d'État. Elle insiste pour que cette société, qui pourrait être la Société des alcools, fasse aussi la production, car ce sont les permis de production qui sont les plus payants, argue la chef bloquiste.

Avec ses députés Gabriel Ste-Marie et Xavier Barsalou-Duval, Mme Ouellet a fait le point sur différents sujets d'actualité, vendredi à Montréal, à l'occasion du caucus des 10 députés du Bloc avant la rentrée parlementaire.

Réforme fiscale

Sur la question de la réforme fiscale du ministre Bill Morneau, le Bloc québécois estime là aussi que le gouvernement fédéral n'a pas pris le temps de soupeser toutes les implications.

«Dans le système fiscal, il y a eu beaucoup de laisser-aller. Il y a une espèce de capharnaüm qui est présent, qui a mené à beaucoup, beaucoup d'abus des lois et des règles qui sont en place. Il y a clairement un ménage qu'il faut faire dans le régime», a souligné M. Barsalou-Duval, porte-parole pour ce dossier au Bloc québécois.

Le député, qui a travaillé pendant plusieurs années dans un bureau de comptables avant de se lancer en politique, a dit avoir «vu beaucoup de cas où on allait trop loin et où on exagérait dans l'utilisation des failles dans les lois pour permettre de sauver de l'impôt».

Comme d'autres, il se demande s'il n'y aura pas des effets pervers sur l'emploi ou l'entrepreneuriat et invite le gouvernement fédéral à la prudence avec sa réforme.

Au Bloc, «on est en train de regarder tous les détails du projet de loi. On a des préoccupations pour s'assurer que ça ne nuise pas à l'emploi non plus», a ajouté le député de Pierre-Boucher-Les Patriotes-Verchères.