Non, les autorités irakiennes n'ont pas capturé cet été des djihadistes canadiennes durant la bataille de Mossoul, comme le voulaient certaines rumeurs.

La nouvelle a pourtant semé l'émoi, en juillet, chez les familles de plusieurs jeunes Québécoises parties faire le djihad. Des médias irakiens rapportaient alors que deux Canadiennes avaient été capturées par l'armée irakienne en même temps qu'une vingtaine d'étrangères membres du groupe armé État islamique (EI) qui s'étaient terrées dans un tunnel sous la ville de Mossoul en Irak.

Ottawa avait ouvert une enquête, dont La Presse avait fait état dans ses pages.

« Le gouvernement du Canada n'a reçu aucune information indiquant l'existence de deux Canadiennes détenues à Mossoul, et les autorités irakiennes nous assurent qu'ils ne connaissent aucune femme canadienne détenue pendant l'offensive pour libérer Mossoul », a indiqué hier un porte-parole d'Affaires mondiales Canada, Philip Hannan.

Les informations véhiculées cet été semblaient pourtant assez crédibles, suffisamment, du moins, pour alarmer les familles de jeunes femmes parties vers la Syrie et l'Irak et forcer la tenue d'une enquête.

Un responsable du contre-terrorisme irakien cité par plusieurs journaux établis au Proche-Orient affirmait qu'une vingtaine de djihadistes étrangères avaient été arrêtées alors qu'elles étaient cachées dans un tunnel secret sous les rues du quartier de Kleiat, dans la ville assiégée de Mossoul, ancien fief de l'EI.

Elles auraient eu en leur possession des ceintures d'explosifs, que certaines portaient sur elles, et des armes, affirment les mêmes médias.

Dans le groupe : cinq Allemandes, trois Russes, trois Turques, des Libyennes et des Syriennes, une Tchétchène et... deux Canadiennes.

Le cas de l'une des Allemandes, une adolescente de 16 ans, donnait beaucoup de poids aux informations véhiculées par les médias irakiens concernant les Canadiennes.

Les photos de la capture de Linda Wenzel, disparue il y a un an de son village de Pulsnitz, près de Dresde, avaient fait le tour de la Toile. On la voyait escortée par plusieurs hommes armés, vêtue d'une longue robe noire, le visage sale et décoiffée. Les voisins de sa famille en Allemagne l'avaient même reconnue.

LE « PROBLÈME » DE LA DOUBLE NATIONALITÉ

En juillet, le directeur du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence de Montréal avait reçu plusieurs appels de la part de parents inquiets qui tentaient de savoir si leur fille était une des Canadiennes qu'on disait détenues.

« Ils avaient gardé un certain contact même si l'État islamique contrôlait les communications. Ils se parlaient de temps en temps. Mais depuis les bombardements [à Mossoul], il y a quelques semaines, ils n'ont pas eu de nouvelles », racontait alors Herman Deparice-Okomba.

Depuis, M. Deparice-Okomba a reçu la même information que le gouvernement canadien. Pour l'instant, aucune Canadienne n'aurait été arrêtée.

Un bémol, toutefois : « Le problème, c'est les Canadiennes ayant la double nationalité. Par exemple, si l'armée irakienne arrête une Canadienne et que cette dernière dit être Marocaine, c'est difficile de faire le lien avec la nationalité canadienne dans le système », explique-t-il. Sans compter que plusieurs djihadistes déchirent leur passeport après avoir quitté le Canada.

PHOTO TIRÉE DE TWITTER

L'adolescente allemande Linda Wenzel, lors de son arrestation à Mossoul