Selon des estimations préliminaires, ce sont entre 500 et 800 résidences qui ont été détruites ou rendues inhabitables lors des inondations du printemps dernier qui ont touché 278 municipalités au Québec.

Et 65 des 278 municipalités touchées n'avaient tout simplement pas de cartographie de leurs zones inondables.

Ces données ont été révélées, jeudi, lors d'une séance d'information technique et au cours d'une conférence de presse, lorsque les ministres des Affaires municipales et de la Sécurité publique, Martin Coiteux, et du Développement durable et de l'Environnement, David Heurtel, ont fait le point sur les inondations et annoncé différentes mesures qui seront prises.

Dans les 278 municipalités qui ont été touchées, 5300 résidences ont été affectées. Et, de ce nombre, entre 500 et 800 ont été carrément détruites ou rendues inhabitables.

De même, plus de 4000 personnes ont été évacuées.

Le gouvernement s'intéressera notamment aux 65 municipalités qui n'avaient pas cartographié leur risque d'inondation. Il s'agit de très petites municipalités qui étaient considérées à faible risque et qui n'avaient donc pas élaboré cette cartographie pour l'intégrer dans leur schéma d'aménagement, a précisé le ministre Heurtel.

Dans leur cas, peu de résidences ont été touchées et il n'y a pas de perte totale. Le ministre de l'Environnement a assuré qu'il ne s'agissait pas de mauvaise volonté de leur part ni de négligence, mais plutôt d'un manque de moyens et, surtout, du fait qu'elles n'étaient pas considérées comme vulnérables. Il a promis que le gouvernement les «accompagnerait» pour qu'elles puissent élaborer cette cartographie des zones inondables.

Pour ce qui est des autres municipalités touchées et qui disposaient d'une cartographie des zones inondables - la grande majorité, qui comprend aussi la grande majorité des résidences touchées - Québec institue pour 18 mois une «zone d'intervention spéciale». Cette zone établira des règles en matière d'aménagement et d'urbanisme qui devront être respectées.

Par ce processus, les citoyens devront faire évaluer leur résidence avant d'obtenir un permis de la municipalité. L'évaluation devra être faite soit par le ministère de la Sécurité publique, soit par un expert en sinistre reconnu par la Chambre de l'assurance de dommages.

Les réparations ou reconstructions pourront ensuite seulement être autorisées par la municipalité, et seulement pour les résidences qui n'ont pas été considérées comme une perte totale - un bâtiment rendu dangereux ou inhabitable pour des raisons de santé ou si le coût des travaux de réparations représente plus de 50% de la valeur foncière.

«Le principe ici est le suivant: il ne sera pas possible de reconstruire ou de réparer un bâtiment qui aurait été déclaré perte totale dans la zone inondable 0-20 ans», a prévenu le ministre Coiteux.

Cette zone inondable 0-20 ans équivaut à un risque d'être inondé de 5% chaque année.

Il pourra y avoir dérogation, mais pour des cas exceptionnels, et seulement si les dommages sont évalués à 50 à 65% de la valeur foncière.

Le gouvernement tiendra une consultation publique, le 10 juillet, dans chaque région touchée, afin d'informer le public plus directement de ces règles.

De même, il tiendra un forum, l'automne prochain, pour réfléchir aux futures façons de faire. Le ministre Heurtel a évoqué une cartographie plus «dynamique» qui tiendrait compte des changements climatiques, par exemple.