Acerbe devant les critiques de l'opposition, la ministre déléguée à la Protection de la jeunesse, Lucie Charlebois, laisse entrevoir l'ajout d'intervenants cet automne pour répondre à la hausse des signalements de cas de maltraitance chez les jeunes enfants.

Une étude de l'Observatoire des tout-petits démontre une augmentation de 27 % en moins de 10 ans des signalements jugés fondés par la Direction de protection de la jeunesse et concernant des enfants de cinq ans et moins. Cela équivaut à 20 nouveaux cas de maltraitance par jour.

« Ce que ça me dit, c'est que la population est de plus en plus sensibilisée à la vulnérabilité », a affirmé Mme Charlebois lors d'une mêlée de presse mercredi. « La population, dont je suis, on ne tolère plus, ou on tolère de moins en moins, les enfants qu'on voit avec des facteurs de négligence. »

Les enfants sont-ils plus nombreux à être maltraités à la lumière de cette étude ? La ministre est incapable de le dire. « Je comprends que les gens n'acceptent plus ça. Je dis qu'il y a plus de signalements », que les adultes dénoncent davantage à la DPJ la négligence et la maltraitance, a-t-elle affirmé.

En mars dernier, elle a annoncé un investissement de 12 millions dans la protection de la jeunesse pour l'embauche de travailleurs sociaux et de psychoéducateurs entre autres. « Parce que je savais que les cas de signalement étaient en hausse », a-t-elle précisé.

Mais il faut aller plus loin, selon elle. Il y aura, « c'est sûr », davantage de sous pour la DPJ cet automne afin de répondre aux besoins croissants. « Il faut mieux accompagner et avoir plus d'intervenants sur le terrain. Et il faut agir plus vite dès qu'on a les signalements. Il faut réduire les délais d'attente », a-t-elle dit.

La ministre déposera un plan d'action cet automne qui concrétisera les engagements inscrits dans la politique de la prévention en santé dévoilée l'an dernier. Le gouvernement s'est notamment donné pour cible d'« augmenter à 80 % la proportion d'enfants qui commencent leur scolarité sans présenter de facteur de vulnérabilité pour leur développement ». À l'heure actuelle, environ un enfant sur quatre est considéré comme vulnérable à son entrée à la maternelle.

« Le plan va englober plus, mais, oui, on va adresser des choses qui concernent les centres jeunesse », a indiqué la ministre.

Lors de la période des questions au Salon bleu, le député péquiste Dave Turcotte a relevé une hausse de 5,6 % en un an de l'ensemble des signalements retenus par la DPJ (34 400). « Pendant ce temps, le nombre de dossiers de la protection de la jeunesse par intervenant a augmenté de 27 % en un an. Plus de dossiers par intervenant, cela signifie moins de temps pour chaque jeune vulnérable. Tout le monde connaît le parti pris du gouvernement pour les médecins. Maintenant, est-ce qu'on peut connaître le parti pris du gouvernement pour aider nos jeunes vulnérables ? » a-t-il lancé.

Le député caquiste Sébastien Schneeberger a renchéri en rappelant les coupes de 20 millions dans les centres jeunesse en 2014. Lucie Charlebois n'a pas apprécié. Elle a accusé son adversaire de ne pas avoir compris les explications déjà données sur cette affaire. « Depuis le temps... Pourtant on a expliqué ça aux crédits. Alors peut-être que sa fille de huit ans ne comprendrait pas, c'est parce qu'il lui aura peut-être mal expliqué. Je reprends », a-t-elle pesté, provoquant les hauts cris dans les banquettes de l'opposition. « Non, mais il se permet de me dire n'importe quoi, ça se peut qu'il ait une réponse qui va avec ! », a-t-elle répliqué.

« Il va falloir qu'elle s'explique mieux que ça, puis tomber dans le bas de gamme, c'est assez ordinaire », a déploré le caquiste.