Au procès de la GRC pour infractions au Code du travail, un policier est venu raconter mardi, en larmes, comment il avait tenté de pratiquer la réanimation cardiorespiratoire à un collègue abattu d'une balle dans la tête, alors que la fusillade faisait toujours rage à Moncton, en juin 2014.

L'agent Andrew Johnstone a raconté comment il avait tenté de sauver son ami David Ross, qui est mort peu de temps après.

Le 4 juin 2012, Justin Bourque, armé d'un fusil semi-automatique, s'est mis à tirer sur des policiers dans le nord-ouest de Moncton. Les agents David Ross, Fabrice Gevaudan et Douglas Larche ont été tués alors que les agents Eric Dubois et Darlene Goguen ont été blessés, à la suite de ce que le juge a qualifié de «rage aveugle».

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) est aujourd'hui accusée par la Couronne d'avoir enfreint le Code du travail. Selon le ministère public, les policiers de la GRC auraient dû être mieux formés et mieux équipés pour faire face à un tel «tireur actif».

L'agent Johnstone, l'un des nombreux policiers de la GRC dépêchés sur les lieux de la fusillade le 4 juin 2012, a raconté mardi au tribunal sa version des faits. Il s'est notamment souvenu qu'après les événements, il a réalisé qu'il avait ce soir-là enfilé à l'envers le gilet pare-balles rigide qui se trouvait dans le coffre de son véhicule de patrouille. M. Johnstone a soutenu mardi qu'aucune formation particulière ne lui avait été donnée jusque-là sur cet équipement de protection.

En contre-interrogatoire, l'avocat de la GRC Mark Ertel a plaidé que la police fédérale avait demandé par courriel aux agents instructeurs de se familiariser avec le nouvel équipement, mais l'agent Johnstone ne se rappelle pas avoir reçu cette note.

«Il est facile, en rétrospective et dans un monde idéal, de prétendre que tout le monde peut enfiler n'importe quelle pièce d'équipement, comme ça. Mais en situation de stress, alors que deux de vos amis ont été abattus (...) on peut oublier», a expliqué l'agent Johnstone.

Après un congé d'environ deux mois, le policier a amorcé une formation dans le maniement d'une carabine de type militaire, mais les rafales d'armes semi-automatiques le ramenaient douloureusement à la fusillade de Moncton, et il a dû interrompre cette formation, a-t-il raconté mardi.

Justin Bourque a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 75 ans, en octobre 2014. Il s'agit de la peine la plus sévère imposée au Canada depuis les dernières exécutions capitales, en 1962. Le jeune homme avait plaidé coupable à trois accusations de meurtre prémédité et à deux autres de tentative de meurtre, en août 2014.