La criminalité a baissé significativement en 2016 dans l'agglomération de Longueuil. Plus qu'ailleurs au Québec. Résultat des campagnes de prévention, d'arrestations ciblées et peut-être bien aussi d'une certaine rencontre au sommet avec les Hells Angels, laquelle avait permis de passer quelques messages l'année précédente. La Presse a fait le point avec le nouveau chef de police.

Printemps 2015. Les Hells Angels et leurs clubs de supporters se faisaient de plus en plus intimidants dans les bars et restaurants de la Rive-Sud.

Ils disaient aux tenanciers de s'habituer à voir de plus en plus de vestes aux couleurs de l'organisation. Un citoyen avait même été battu dans un restaurant de Boucherville après avoir protesté contre cette nouvelle visibilité, selon nos informations.

La Brigade d'intervention multidisciplinaire (BIM), un groupe de choc de la police de Longueuil, est donc débarquée en pleine réunion d'une demi-douzaine de motards, au restaurant. Deux membres en règle des Hells, David Lefebvre et Claude Ninja Pépin, s'y trouvaient, entourés de leurs sbires.

Les policiers ont expliqué que c'en était assez. Ils ne voulaient plus voir les couleurs du club portées dans le moindre établissement de l'agglomération, sans quoi ils allaient « casser le party » chaque fois. Après réflexion, les Hells ont accepté.

« La BIM leur a dit qu'ils ne feraient pas ce qu'ils voudraient ici. Le message a passé. Si des couleurs reviennent, le message va revenir aussi », explique Fady Dagher, directeur du Service de police de l'agglomération de Longueuil (SPAL) depuis février dernier.

Les motards sont maintenant beaucoup plus discrets à Longueuil. Par ailleurs, l'agglomération n'a été le théâtre d'aucun meurtre ni d'aucune tentative de meurtre liée au crime organisé l'an dernier.

Baisse de la criminalité

Globalement, la criminalité a diminué de 9,5 % sur le territoire du SPAL l'an dernier, selon le bilan annuel qui sera rendu public aujourd'hui. Le nombre de crimes comptabilisés pour 2016 est 18 % plus bas que la moyenne des cinq dernières année.

« C'est un record, si vous regardez les autres villes comparables. Et ça, ce n'est pas moi, c'est l'héritage qu'on m'a laissé », affirme le nouveau directeur. Il cite certaines campagnes de prévention, notamment sur les réseaux sociaux et dans les écoles, mais aussi certaines arrestations ciblées de voleurs très actifs, comme facteurs expliquant la baisse.

Reconnecter avec la rue

Ayant passé toute sa carrière au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) jusqu'ici, Fady Dagher a voulu apprendre à connaître son nouveau milieu lorsqu'il est devenu chef du SPAL, l'hiver dernier.

Par un samedi soir pluvieux de février, il a donc laissé tomber ses épaulettes de directeur et sa chemise blanche d'officier pour enfiler plutôt une tenue bleue d'agent de la base et partir en patrouille nocturne avec ses troupes.

Arrivé sur le site d'une bagarre générale dans un bar, il s'est lancé dans une poursuite à pied avec son partenaire et a rattrapé un suspect qui tentait de fuir. Un retour sur le terrain profitable, selon lui. « Je pense que tout membre de la direction devrait faire ça », dit-il.

- Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse