Un énorme trou béant qui défigure depuis vendredi dernier la bordure de l'autoroute 25, dans Lanaudière, a entraîné mercredi soir la fermeture partielle de l'autoroute dans les deux directions. Une semaine après l'incident, le ministère des Transports du Québec (MTQ) n'a toujours pas trouvé de solutions pour réparer la structure responsable de l'affaissement.

Cette structure, un ponceau de 2,1 m de diamètre qui permet à un petit cours d'eau de s'écouler sous l'autoroute, aurait été inspectée l'été dernier par des stagiaires du MTQ, et non par un ingénieur, soutient le président de l'Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ), Marc-André Martin.

« Ce n'est pas une pratique rare, ça arrive souvent, étant donné le manque de personnel pour faire les inspections de ponceaux. On ne peut pas lier l'incident à l'inspection, mais ça fait quelques semaines qu'on dit au gouvernement qu'il y a des problèmes d'expertise et d'attraction d'ingénieurs [au MTQ] », déplore-t-il. Le syndicat est sans convention collective depuis mars 2015.

Les inspections sont « toujours effectuées par un ingénieur accrédité », assure toutefois Sarah Bensadoun, porte-parole du MTQ. « Il n'est pas exclu qu'un ingénieur stagiaire accompagne l'ingénieur. Mais c'est garanti que l'inspection est faite par un ingénieur », soutient-elle.

Pas moins d'un ponceau sur cinq dans les Laurentides et Lanaudière est dans un très mauvais état, selon le syndicat. «  [Ces ponceaux] ont des cotes de D à E. Ce sont des ouvrages endommagés qui nécessitent des travaux majeurs. Sauf que ce ponceau avait une cote supérieure », s'inquiète Marc-André Martin. Le sol argileux dans ce secteur est d'ailleurs très mou et a « tendance à s'affaisser ».

PROBLÈME DE SÉCURITÉ

Ce cratère de 7 mètres de profondeur sur 9 mètres de large s'est formé vendredi dernier au-dessus d'un ponceau situé entre les deux voies de l'autoroute 25 à la hauteur de Saint-Roch-de-l'Achigan. Il gruge même la chaussée de la voie de dépassement en direction nord. La décision de fermer l'autoroute en direction sud pour des raisons de sécurité, mercredi soir, a provoqué hier matin un embouteillage important dans le secteur.

L'autoroute risque d'ailleurs de demeurer fermée pendant le congé pascal, puisqu'aucune solution n'a encore été déterminée par les ingénieurs. Depuis une semaine, le MTQ effectue des études géotechniques et hydrauliques « pour déterminer la capacité portante des sols », soutient Sarah Bensadoun. Les résultats de ces analyses étaient toujours attendus hier.

Ce surprenant cratère aurait été formé par les fortes précipitations de la semaine dernière, selon les premières hypothèses du MTQ, dit Mme Bensadoun. Sans se prononcer sur ce cas précis, l'ingénieur Marc-André Martin de l'APGIQ affirme que deux phénomènes peuvent généralement provoquer un tel affaissement : une crue importante d'eau qui inonde le ponceau ou la formation d'une cheminée sous la chaussée.

« Lorsqu'une paroi d'un ponceau se perfore, cela permet à du sable de pénétrer à l'intérieur du ponceau. Le remblai routier se vide alors tranquillement à l'intérieur et part dans la rivière. Ça fait une pyramide inversée et on peut se retrouver avec un méchant grand trou », explique-t-il.