Une proportion croissante des Canadiennes choisissent de n'avoir qu'un seul enfant, ou même aucun.

Cette tendance se reflète dans l'indice de fécondité du Canada, que les données du recensement de 2016 dévoilées mercredi ont établi à 1,6 %, légèrement au-dessus de l'indice de 1,59 % publié par Statistique Canada il y a trois ans.

Un territoire se démarque cependant du reste du pays : le Nunavut, qui présente la fécondité la plus élevée du Canada. Les femmes y donnent naissance à 2,9 enfants en moyenne, lui permettant d'afficher le taux de croissance démographique le plus élevé au pays, à 12,7 %.

L'indice de fécondité réfère au nombre d'enfants qu'aurait hypothétiquement une femme au cours de sa vie reproductive, calculé pour les femmes de 15 à 49 ans.

Au Canada, cet indice chute de façon constante depuis les dernières décennies : l'année 1971 fut ainsi la dernière où le nombre moyen d'enfants atteignait 2,1, soit le seuil nécessaire pour permettre à la population de se renouveler sans l'aide de l'immigration.

La directrice générale de l'Institut Vanier de la famille, Nora Spinks, rappelle toutefois qu'il s'agit d'une moyenne et qu'il existe toujours des familles qui ont cinq ou six enfants, mais aussi de plus en plus de familles qui n'en ont pas.

« L'une des principales raisons expliquant pourquoi les gens ont moins d'enfants est une combinaison de circonstances et de biologie », a-t-elle expliqué. Plus de femmes choisissent de fonder une famille plus tard, comparativement aux générations précédentes. Dans les années 1960, par exemple, l'âge moyen pour avoir un premier enfant était d'environ 22 ans.

De nos jours, les femmes attendent souvent la trentaine avant d'avoir un premier enfant.

« Plus on retarde l'arrivée du premier enfant, moins on a de temps pour en faire plus, souligne Mme Spinks. Il arrive un moment où on ne peut plus concevoir ou concevoir aussi facilement que lorsqu'on était plus jeune. »

Le coût associé aux enfants - de la garderie à l'éducation postsecondaire, en passant par les activités parascolaires - est un autre élément qui peut venir dicter la taille de la famille, affirme la sociologue et démographe Susan McDaniel, de l'Université de Lethbridge.

Nora Spinks affirme cependant que le Canada n'est pas le seul pays où la taille des familles décroît.

« L'indice de fécondité à travers le monde chute, même dans les cultures où les femmes avaient sept ou huit enfants ou plus encore, soutient-elle. Ces femmes ont aujourd'hui plutôt trois ou quatre enfants. »

Au Canada, l'immigration donne un fier coup de pouce à la croissance démographique depuis 1999. Les deux tiers, environ, de la croissance actuelle sont attribuables aux nouveaux Canadiens, tandis que la hausse naturelle forme le dernier tiers, selon Satistique Canada.

En s'appuyant sur un scénario de croissance moyenne, l'immigration pourrait contribuer à plus de 80 % de la croissance démographique du pays à compter de 2031, selon l'agence. Sans un niveau d'immigration constant, Statistique Canada prévient que la croissance démographique du Canada pourrait s'approcher de zéro dans 20 ans, avec le vieillissement de la population et une fécondité insuffisante pour assurer le renouvellement des générations.

La plus forte croissance de la population a été notée au Nunavut

Quelle région a enregistré le taux de croissance démographique le plus élevé des provinces et territoires canadiens, selon le recensement de 2016 ?

Il s'agit du Nunavut. Le taux de croissance de la population de ce territoire nordique a fait un bond de 12,7 % en l'espace de cinq ans.

Le jour du recensement, soit le 10 mai 2016, le Nunavut comptait 35 944 âmes.

Pour la première fois depuis sa création en 1999, le Nunavut est donc plus peuplé que le Yukon. L'écart est toutefois mince, puisque le Nunavut n'a que 70 résidents de plus que le Yukon.

Statistique Canada attribue cette hausse démographique au taux de fertilité élevé au Nunavut. Avec un taux s'établissant à 2,9 enfants par femme, le Nunavut se situe bien au-delà de la moyenne nationale de 1,6 enfant par femme.

De précédents recensements avaient démontré que le taux de fécondité était plus élevé chez les Autochtones, mais les données spécifiques du recensement de 2016 sur la population autochtone ne seront dévoilées qu'en octobre.

Les faits saillants du recensement de 2016 dévoilés mercredi donnent toutefois certains indices sur les changements observés sur les réserves autochtones.

À l'échelle canadienne, le nombre de personnes vivant sur des réserves a connu une hausse de 4,4 %, ce qui se situe sous la moyenne nationale de 5 %.

De 365 903 en 2011, le nombre de personnes établies sur des réserves est passé à 381 890 en 2016, ce qui représente un peu plus de 1 % de la population canadienne.