Le gouvernement Trudeau entend consacrer cette année pas moins de 500 millions de dollars aux célébrations visant à marquer le 150e anniversaire de la Confédération. Mais le tiers des Canadiens accueillent avec un haussement d'épaules l'intention d'Ottawa de souligner en grande pompe cet évènement historique, selon un sondage commandé par le ministère du Patrimoine canadien.

2017, UNE ANNÉE IMPORTANTE, MAIS...

Avant de lancer les festivités entourant le 150e anniversaire, le ministère du Patrimoine, qui est responsable du dossier, a voulu prendre le pouls de la population canadienne relativement à cet événement au moyen d'un vaste sondage, qui a été mené par la firme de recherche Léger auprès de 2191 personnes. On a ainsi pu mesurer l'intérêt des Canadiens de toutes les provinces pour les célébrations, mais aussi leur attachement au pays en cette année du 150e. Les résultats démontrent que si 95 % des Canadiens se disent attachés à leur pays, ce patriotisme ne signifie pas qu'ils vont se précipiter sur les célébrations.

UNE CERTAINE INDIFFÉRENCE

Selon le sondage qui a été réalisé du 3 au 24 juin 2016, près du tiers des Canadiens (31 %) ont indiqué qu'ils n'avaient pas l'intention de participer aux célébrations entourant le 150e. Pourquoi ? Les raisons sont multiples, mais celles qui sont les plus souvent évoquées sont le manque de temps (c'est le cas de 32 % des répondants qui disent ne pas avoir l'intention d'y prendre part) et le manque d'intérêt (24 %). Il y a aussi une autre tranche de 15 % qui affirment ne pas avoir les moyens financiers de s'offrir de telles activités. À noter que 5 % des répondants qui sont indifférents à cet anniversaire estiment que le gouvernement fédéral ne devrait pas souligner le 150e. Au Québec, l'indifférence est légèrement plus élevée que dans l'ensemble du pays, puisque 33 % des répondants ont indiqué ne pas avoir l'intention de prendre part aux festivités. Il reste que 65 % des Canadiens interrogés ont dit vouloir participer à un événement ou une activité entourant le 150anniversaire.

L'ONTARIO PLUS FÉBRILE QUE LE RESTE DU PAYS

C'est dans la province la plus populeuse du pays, l'Ontario, que l'enthousiasme est le plus grand pour les célébrations. En effet, 43 % des répondants de cette province ont indiqué avoir « hâte aux célébrations », alors que cet enthousiasme n'atteint que 17 % des sondés au Québec, 13 % en Colombie-Britannique et 12 % en Alberta. Étonnamment, dans les autres provinces, cet enthousiasme ne dépasse pas la barre des 10 % (7 % dans les Maritimes, 4 % au Manitoba et 3 % en Saskatchewan). C'est également en Ontario que l'on retrouve la plus forte proportion des gens qui se montrent désireux de contribuer à l'organisation des festivités (42 %, contre 19 % au Québec) et le plus grand nombre de répondants qui croient qu'ils auront le sentiment « de prendre part à quelque chose d'important » (42 %) en étant des célébrations.

L'IMPORTANCE DE L'ÉGALITÉ DES LANGUES

Le ministère du Patrimoine canadien en a été averti avant le début des activités : il est essentiel de respecter l'égalité des deux langues officielles dans le cadre des célébrations entourant le 150e. Et c'est évidemment au Québec que l'on insiste le plus pour qu'Ottawa veille à accorder une place égale au français et à l'anglais. Mais cet aspect est un peu moins prioritaire pour les provinces de l'Ouest canadien. Dans l'ensemble du pays, 83 % des répondants jugent que cette question est importante. Au Québec, 91 % des répondants estiment que cela est crucial. Dans le cadre du 150e, le gouvernement fédéral prévoit financer des activités dans les diverses régions du pays. En outre, l'entrée sera gratuite en 2017 pour l'ensemble des sites appartenant à Parcs Canada, y compris les parcs nationaux.

UN FORT ATTACHEMENT AU PAYS

Ce sondage, qui a été remis au ministère du Patrimoine canadien en août dernier, démontre par ailleurs que les Canadiens sont attachés à leur pays. En tout, 90 % des répondants disent être très fiers (82 %) ou fiers (8 %) de leur citoyenneté. Au Québec, on constate un attachement au pays, mais dans une moindre mesure : 50 % des répondants affirment être très fiers d'être Canadiens, tandis que 29 % se disent simplement fiers (18 % des répondants au Québec disent ne pas être fiers). « Au Québec, le sentiment d'appartenance le plus fort est par rapport à la province. La situation inverse est observable en Ontario. Par comparaison avec les résultats des autres provinces, c'est là que le sentiment d'appartenance à la province est le moins fort », souligne Léger dans son rapport. La firme de sondage constate aussi que c'est en Alberta où l'on relève une plus grande proportion de gens (13 %) qui affirment que leur niveau d'attachement a diminué au cours des cinq dernières années.

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MÉTHODOLOGIE


La firme de recherche Léger a mené ce sondage téléphonique auprès de 2191 personnes du 3 au 24 juin 2016. Avec un tel échantillon, ce sondage comporte une marge d'erreur de plus ou moins 2,09 % 19 fois sur 20.

- Avec William Leclerc, La Presse