Depuis une dizaine d'années, la Guignolée du Dr Julien a braqué les projecteurs sur ses centres de pédiatrie sociale. L'an dernier, cette activité caritative de l'avent a permis d'amasser 1,6 million de dollars.

Mais il existe d'autres centres de pédiatrie sociale à Montréal. Celui de Montréal-Nord, par exemple, créé en 2009 avec l'aide du Dr Gilles Julien. Le Centre de pédiatrie sociale de Montréal-Nord tiendra demain sa propre guignolée, dont l'objectif est d'amasser 50 000 $. Elle aura principalement lieu à l'angle des boulevards Lacordaire et Henri-Bourassa, et aussi à quatre autres intersections, deux centres commerciaux et deux grands supermarchés.

« L'an dernier, on a recueilli 42 000 $ », dit Michel Lorange, président bénévole du Centre. « On a grossi depuis un an. On a ajouté un infirmier à temps partiel il y a quelques mois, et on voudrait augmenter ses heures. On aimerait aussi avoir un deuxième médecin à temps partiel. On a une quarantaine d'enfants sur la liste d'attente. On aimerait aussi avoir un deuxième point de service. Nous sommes dans le nord-est du quartier, mais il y a aussi des besoins dans l'ouest. »

Le Centre a été créé à l'initiative de la directrice d'une école du quartier, très frappé par la pauvreté. « J'avais contacté le Dr Julien pour avoir de l'aide », dit M. Lorange, qui est conseiller en éthique dans différents hôpitaux de la région métropolitaine. « Mais depuis deux ans, on a décidé d'être complètement autonomes de la Fondation du Dr Julien. »

Établir un lien de confiance

La travailleuse sociale, la psychomotricienne, ainsi que l'infirmier et le médecin à temps partiel du Centre ont vu 185 enfants l'an dernier. « On aide les gens dont les enfants ont besoin d'aide, mais qui ne peuvent pas en trouver dans le réseau, souvent parce qu'ils s'en méfient », explique la travailleuse sociale Manon Rioux. « On doit d'abord établir un lien de confiance. Ça peut prendre jusqu'à un à deux ans. C'est seulement après qu'on peut les aider à trouver des ressources. » Outre une journée clinique avec le médecin chaque semaine, le Centre offre des ateliers de stimulation parents-enfants d'âge préscolaire et de l'art-thérapie.

Quelles sont les raisons de cette réticence ? « Les parents sont souvent excessivement vulnérables et sont sensibles au jugement qu'on peut porter sur eux, dit Mme Rioux. Ça ne veut pas dire qu'ils ont été jugés par des gens du réseau. Ou alors, ce sont des parents pauvres et débordés, qui consacrent tout leur temps à nourrir et habiller leurs enfants et qui n'ont le temps pour rien d'autre. » Les enfants d'âge scolaire ont souvent des problèmes d'apprentissage et de comportement, et au préscolaire, des retards de développement.

Combien de parents depuis sept ans ont-ils cessé d'être suivis ? « On n'a jamais eu de cas où on a cessé de faire des suivis, dit Mme Rioux. Mais on réfléchit beaucoup à la manière d'éviter qu'ils deviennent dépendants de nos services. »