Deux anciens responsables de l'approvisionnement militaire ont fustigé le plan du gouvernement fédéral d'acheter 18 nouveaux avions de combat Super Hornet de Boeing, le présentant comme un gaspillage de fonds publics à la légalité discutable.

Ottawa a annoncé, mardi, qu'il lancera un processus «concurrentiel ouvert et transparent» pour remplacer l'ensemble des 77 chasseurs CF-18 - ce qui pourrait prendre jusqu'à cinq ans.

Dans l'intervalle, le gouvernement libéral a dit qu'il enclencherait des négociations avec un fournisseur unique étant donné que l'aviation canadienne fait face à un manque criant d'avions de combat, qui représentent un besoin «urgent».

Un tel besoin constitue l'une des quelques exceptions dans la loi sur l'approvisionnement militaire qui permet au gouvernement d'acheter un nouvel équipement militaire comme solution provisoire avant la tenue d'un appel de propositions en bonne et due forme.

Le précédent gouvernement conservateur avait ajouté cet article l'an dernier après avoir été contraint de retirer prématurément ses deux navires de réapprovisionnement. Les conservateurs avaient subséquemment octroyé un contrat de 700 millions au chantier Davie, à Lévis, afin de transformer un porte-conteneurs en ravitailleur pour l'armée canadienne jusqu'à ce qu'un remplacement permanent soit trouvé.

Dans deux entrevues distinctes, Alan Williams et Dan Ross ont dit ne pas croire qu'il y ait véritablement un besoin urgent, faisant valoir que le gouvernement pourrait choisir un nouvel avion de combat par l'entremise d'un appel d'offres en moins de deux ans.

«Organiser un processus concurrentiel en un an est même envisageable. Ce n'est pas comme si on repartait de zéro», a dit M. Williams, qui a été sous-ministre adjoint à l'équipement à la Défense nationale de 2000 à 2005 et qui a déjà critiqué les contrats militaires à fournisseur unique.

Les deux hommes ont aussi soutenu qu'exploiter une flotte provisoire augmenterait significativement les coûts pour l'aviation canadienne, sans compter les milliards de dollars qui seraient dépensés simplement pour l'acquisition des Super Hornet.

«Il s'agissait probablement de la pire option possible», a dit M. Ross, qui a succédé à M. Williams comme sous-ministre adjoint à l'équipement et recommandé les F-35 au précédent gouvernement conservateur.

«Les contribuables vont en assumer les coûts et cela n'est pas nécessaire», a-t-il poursuivi.

Le gouvernement n'a pas voulu dire combien il s'attend à payer pour les Super Hornet, ou ce qu'il compte en faire si un appareil différent est choisi au terme du processus promis d'appel d'offres.

Mais MM. Ross et Williams anticipent que le prix pourrait se situer entre 3 milliards et 8 milliards, en fonction des éléments inclus et de la durée du contrat.