Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Dwight Ball, espère avoir rapidement des explications de Philippe Couillard concernant la possibilité de renégocier l'entente litigieuse qui permet à Hydro-Québec de s'approvisionner à bas prix en électricité de la centrale de Churchill Falls.

Durant la période des questions, à l'Assemblée législative terre-neuvienne à Saint-Jean, M. Ball a noté que le gouvernement québécois a fait marche arrière cette semaine dans ce dossier.

Subissant le feu de l'opposition depuis deux jours, M. Ball a répété jeudi qu'il a tenté, en vain, d'obtenir cette semaine des explications de M. Couillard, en déplacement au Maroc pour un sommet international sur les changements climatiques.

«Soyons très clairs, nous allons parler avec M. Couillard dès qu'il en aura l'occasion, a-t-il dit. Je ne veux pas que ce soit seulement un appel de deux ou trois minutes. Nous devons clarifier la situation en cours actuellement et tout ce qui est à la source des déclarations de cette semaine. Ils ont déjà changé leur position cette semaine.»

Mardi, concernant l'hypothèse d'une réouverture du contrat de Churchill Falls, le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a affirmé que le Québec était ouvert à tout bon «deal» qui pourrait se présenter, à la condition que Terre-Neuve renonce d'abord à la voie judiciaire.

Le ministre des Relations canadiennes, Jean-Marc Fournier, a déclaré mercredi que le gouvernement québécois ne «touchera pas» à ce contrat, conclu en 1969, dont Terre-Neuve souhaite contester la valeur devant la Cour suprême.

Mercredi, à l'Assemblée législative terre-neuvienne, M. Ball a affirmé que sa dernière discussion avec M. Couillard avait eu lieu au moment où Terre-Neuve a décidé de s'adresser à la Cour suprême, fin septembre.

Selon le premier ministre, M. Couillard n'a formulé aucune requête spécifique à ce moment concernant la suspension des procédures.

«Je lui ai dit que nous allions de l'avant avec la demande d'autorisation d'appel, a-t-il dit. Il n'a pas demandé son retrait.»

Jeudi, à Marrakech, M. Couillard a pourtant affirmé qu'il avait déjà abordé l'impasse judiciaire avec son homologue, dans des circonstances qu'il n'a pas précisées.

«Cette constante activité judiciaire devant les tribunaux de Terre-Neuve à notre endroit est une perte de temps totale, a-t-il dit. Ce n'est pas comme ça qu'on va développer de la prospérité collective et créer de l'emploi. Je l'ai dit autant en privé à M. Ball que publiquement.»

Le porte-parole du premier ministre, Harold Fortin, a observé que Terre-Neuve «répond à cette main tendue».

Des échanges sont en cours entre les cabinets pour «explorer nos intentions sur cette question et la possibilité d'entamer des discussions pour trouver une façon de réinventer nos relations», a indiqué M. Fortin dans un courriel.

Le chef de l'opposition officielle à Terre-Neuve, Paul Davis, a déclaré mercredi qu'il avait refusé, en 2015, une demande de M. Couillard d'abandonner les recours juridiques pour modifier le contrat de Churchill Falls.

«Il m'a demandé d'abandonner les recours juridiques et j'ai refusé, a-t-il dit. Je ne voulais pas le faire.»

Selon M. Davis, au cours des 40 dernières années, le Québec a reçu 20 milliards de revenus, grâce au contrat, contre 1 milliard à Terre-Neuve.

Mercredi, M. Ball a également affirmé qu'il était ouvert à discuter avec M. Couillard de développement hydroélectrique, sans toutefois indiquer s'il a l'intention de maintenir ou non sa demande d'appel devant la Cour suprême.

En août dernier, Terre-Neuve a échoué en Cour d'appel du Québec dans sa tentative pour faire réviser les conditions du contrat de Churchill Falls, qui s'étend sur encore 25 ans.

M. Arcand a expliqué mardi que le premier ministre Couillard avait amorcé des discussions afin «d'enterrer la hache de guerre» avec M. Ball, ce qui a provoqué la surprise de l'opposition à Saint-Jean.

M. Ball, en poste depuis décembre 2015, a répété à M. Davis qu'aucune négociation n'était en cours dans le dossier de l'hydroélectricité.

Après avoir dénoncé l'augmentation d'un soutien financier d'Ottawa au projet de centrale de Muskrat Falls, plombé par les dépassements de coûts, le gouvernement québécois a exprimé le souhait de discuter avec Terre-Neuve.

Jeudi, à Marrakech, M. Couillard a évoqué d'autres sujets que ceux de Churchill Falls ou de Muskrat Falls qui pourraient être abordés avec son homologue.

«Il y a d'autres projets également à Terre-Neuve», a-t-il dit.

M. Ball a indiqué cette semaine que le projet de Gull Island, au Labrador également, pourrait être une occasion de partenariat avec le Québec, notamment pour la distribution.