Ottawa versera 6 millions  de dollars supplémentaires à IBM pour du soutien technique en raison des ratés du système de paie Phénix, qui a pourtant justement été conçu par le géant de l'informatique.

Les coûts engendrés par les problèmes du système de paie de la fonction publique fédérale ne cessent de croître. En juillet, Ottawa estimait qu'il en coûterait cette année entre 15 et 20 millions aux contribuables, notamment pour l'embauche de plus de personnel afin de traiter les demandes des employés, dont certains n'avaient pas été payés depuis des mois.

La facture s'élève désormais à un montant estimé entre 45 à 50 millions.

Lors d'une séance d'information technique mercredi, la sous-ministre des Services et de l'Approvisionnement, Marie Lemay, a indiqué que de ce montant, 6 millions ira à IBM. Elle a précisé que cette somme serait versée pour des services qui n'étaient pas prévus au contrat, comme une veille technique 24 heures sur 24 et la maintenance du système en soirée plutôt qu'en plein jour.

Avec les frais supplémentaires de 6 millions, le contrat entre IBM et Ottawa pour le nouveau système de paie s'élève à 142 millions au total.

En point de presse, Mme Lemay n'a pas voulu jeter le blâme sur IBM pour les nombreux ratés qu'a connus le système de paie des fonctionnaires. Elle a qualifié la compagnie de «bon partenaire».

«Il y a des pénalités prévues au contrat s'il y a des choses qui ne sont pas bien faites. Mais pour l'instant, ils respectent les termes du contrat», a-t-elle soutenu.

Selon elle, le gouvernement fédéral n'avait tout simplement pas prévu à quel point un tel changement nécessiterait une période d'adaptation «IBM n'est pas responsable de comment, nous, on interagit avec le système. Et c'est cette partie-là qu'on a vraiment sous-estimée, à notre avis», a-t-elle expliqué. Elle a toutefois ajouté qu'un bilan de cette saga sera éventuellement effectué afin de tirer des leçons pour l'avenir.

Depuis la mise en place du nouveau système qui gère la paie de plus de 300 000 fonctionnaires à travers le pays, plus de 80 000 employés ont vu des erreurs sur leur chèque de paie: rémunération trop faible, montant versé en trop, ou dans les cas plus ennuyeux, pas de salaire du tout.

Avec Phénix qui remplaçait un système vieux d'une quarantaine d'années, le fédéral espérait économiser 70 millions par année. Ces économies ne seront pas au rendez-vous cette année.

En plus des frais de 45 à 50 millions liés notamment à la mise sur pied de centres de rémunération temporaires s'ajouteront d'autres dépenses que le gouvernement n'est pas encore en mesure de comptabiliser. Ottawa s'est notamment engagé à compenser les employés qui, sans rémunération adéquate, ont contracté un prêt à la banque ou accumulé les pénalités de retard sur leur carte de crédit.

Le fédéral fait par ailleurs l'objet d'au moins trois recours judiciaires dans ce dossier, ce qui risque aussi de générer des coûts.

En date du 7 septembre, il reste toujours 59 employés avec des problèmes dits de priorité 1, c'est-à-dire qu'ils ne touchent tout simplement pas de salaire. À cela s'ajoutent 335 employés de priorité 2, des fonctionnaires à risque de voir leur paie perturbée en raison d'un congé de maternité ou d'invalidité. Enfin, pas moins de 67 500 employés touchent encore une paie dont le montant est incorrect.

Selon Mme Lemay, si le gouvernement n'est pas encore «sorti du bois» dans ce dossier, il est certainement sur la bonne voie.

«La date du 31 octobre, c'est vraiment la date à laquelle on prévoit compléter et résoudre toutes les transactions qui sont en arriéré. (...) Ce qu'on ne sait pas, c'est la date à laquelle on sera dans un état stable», a-t-elle noté.

Elle a aussi tenu à rassurer les fonctionnaires qui hésiteraient à autoriser un prélèvement automatique pour contribuer à la campagne de Centraide par crainte de voir de nouvelles erreurs survenir sur leur chèque de paie. Mme Lemay assure que les déductions se feront sans problème.