Des professeurs de l'Université Concordia réclament une mobilisation internationale encore plus forte pour obtenir la libération de leur collègue retraitée Homa Hoodfar, détenue dans une prison de Téhéran depuis maintenant trois mois.

Âgée de 65 ans et souffrant d'une maladie neurologique dégénérative - la myasthénie grave -, cette professeure d'anthropologie retraitée qui a la triple nationalité iranienne, canadienne et irlandaise, est de plus en plus faible, au point où elle aurait de la peine à parler et marcher. Elle aurait même dû être hospitalisée pendant quelques jours. On n'est même pas certain qu'elle est toujours en vie. 

Elle est confinée dans une cellule d'isolement, avec un accès minimal à sa famille, son avocat et un médecin.

« Ramenez Homa à la maison! », a plaidé son ami et confrère Marc Lafrance aux autorités iraniennes.

« Lui donne-t-on à manger ? À boire ? Quand a-t-elle vu le soleil pour la dernière fois ? Reçoit-elle ses médicaments ? », a-t-il demandé, disant que ses collègues et lui sont très anxieux et tristes depuis ce 6 juin où Mme Hoodfar a été arrêtée.

« Au cours de l'été, plus de 5000 universitaires - notamment de grands intellectuels comme Noam Chomsky et Orhan Pamuk - ont signé une pétition demandant la libération de Homa Hoodfar, a indiqué Kimberley Manning, directrice de l'Institut Simone de Beauvoir de Concordia. Je reçois de partout au pays des courriels d'amis et de collègues qui souhaitent savoir comment lui venir en aide. »

Les professeurs de Concordia entendent multiplier les gestes de protestation. « La manifestation à Dublin (de professeurs et d'intellectuels) de ce matin est la première d'une série d'actions d'envergure nationale et internationale qui auront lieu au cours des prochaines semaines. »

La famille de Mme Hoodfar redoute qu'elle soit tuée comme l'a été il y a 13 ans dans cette même prison d'Evin la photographe irano-canadienne Zahra Kazemi. 

Le gouvernement iranien prétend que Mme Hoodfar a collaboré avec un gouvernement hostile et de propagande contre l'État.

Ses collègues entendent faire pression par des prises de position médiatiques. Des manifestations ne sont pas prévues, les professeurs dans le dossier craignant que cela vire à une manifestation anti-islam, ce qui n'aiderait en rien.

Les professeurs ne croient cependant plus qu'il soit approprié d'espérer que les pressions du gouvernement canadien suffisent et ils n'ont pas l'intention de se faire discrets.