La menace d'un acte terroriste violent au Canada reste modérée, le nombre de Canadiens soupçonnés de prendre part à des activités terroristes à l'étranger augmente, mais ils sont moins nombreux à revenir au pays, indique un rapport annuel du gouvernement fédéral sur la menace terroriste au Canada. « La menace n'est pas absente mais pas aussi forte qu'en Europe », dit l'ancien cadre du SCRS Michel Juneau-Katsuya. État de la situation.

180

En 2015, le nombre de Canadiens qui sont des « voyageurs extrémistes » soupçonnés de prendre part à des activités liées au terrorisme à l'étranger est passé de 130 à 180. En contrepartie, le nombre de « voyageurs extrémistes » de retour au pays a diminué, passant de 80 à 60. « Pourquoi de 80 à 60 personnes ? Ce n'est pas bien expliqué », dit Michel Juneau-Katsuya, ancien cadre du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et PDG du Groupe NorthGate, une agence de sécurité.

20 %

Pourcentage de femmes au sein des voyageurs extrémistes canadiens à l'étranger. « L'hypothèse la plus commune » pour expliquer leur présence en Syrie et en Irak : se marier avec des terroristes, indique le rapport.

36 500

Voyageurs extrémistes s'étant rendus en Syrie depuis 2011. Ceux-ci proviennent d'environ 100 pays. Quelque 6600 voyageurs extrémistes sont originaires de pays occidentaux.

Menace « modérée »

La possibilité qu'un acte terroriste violent survienne au Canada ? Modérée, statue le SCRS. Il s'agit du troisième niveau d'alerte sur cinq. Le Canada est au même niveau modéré depuis les attentats à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Ottawa en octobre 2014. Trois critères sont retenus pour déterminer le niveau de menace : l'intention, la capacité et l'occasion de s'en prendre au Canada. Les Canadiens sont informés des mesures de sécurité mises en place seulement lorsque le niveau de menace terroriste est élevé (niveau 4) ou critique (niveau 5).

Les cinq niveaux de menace terroriste

1. Très faible : un attentat est très peu probable, mesures suffisantes en place

2. Faible : un attentat est possible mais peu probable, mesures suffisantes en place

3. Modéré : un attentat pourrait survenir, mesures supplémentaires en place

4. Élevé : un attentat va probablement survenir, mesures plus sévères en place

5. Critique : un attentat est très probable et pourrait être imminent, mesures exceptionnelles en place

Iraq, Nigeria, Afghanistan, Pakistan, Syriea

Ces cinq pays ont subi 74 % des pertes de vie mondiales causées par le terrorisme en 2015, selon le département d'État américain.

64

Nombre d'organisations terroristes selon le gouvernement du Canada (inscrites en vertu de la Loi antiterroriste). Les deux organisations les plus importantes sont l'EI et al-Quaïda.

État islamique ou Daech ?

« Ce groupe n'est ni islamique, ni un État, et sera donc appelé Daech (son acronyme arabe) dans le présent rapport », a écrit Ralph Goodale, ministre de la Sécurité publique, dans l'avant-propos du rapport. Son porte-parole, Scott Bardsley, a confirmé jeudi par courriel que ce terme serait désormais privilégié par l'ensemble du gouvernement.

« Menace dominante » au Moyen-Orient

Selon le rapport, Daesh, qui a été créé en avril 2013 par un ancien dirigeant d'al-Qaïda en Irak, est une organisation « bien financée », notamment par l'extorsion des populations locales, les vols, la vente d'antiquités, la contrebande de pétrole et les rançons d'enlèvements. Selon Ottawa, Daesh est une « menace dominante » au Moyen-Orient et a une rivalité qui « se perpétue » avec al-Qaïda en Afrique. En Asie du Sud-Est, « quelques groupes extrémistes [...] ont prêté allégeance à Daesh. Cependant, à la fin de 2015, Daesh n'avait pas encore annoncé officiellement la création d'une « province » [dans cette région] », indique le rapport.

« C'est un peu réducteur de parler seulement de ces [...] organisations. On ne parle pas des autres formes de terrorisme et d'extrémisme auxquels nous sommes confrontés. Depuis le 11 septembre 2001, al-Qaïda et Daesh n'ont pas réussi à faire sauter des bombes au Canada, sauf un cas de bombe improvisée lors d'une arrestation. Mais il y a plus d'une trentaine de bombes qui ont explosé au Canada par des groupes extrémistes politiquement motivés... », rappelle Michel Juneau-Katsuya, ancien cadre du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et PDG du Groupe NorthGate, une agence de sécurité.