Le nombre alarmant de femmes et de filles autochtones assassinées ou disparues au Canada n'avait pas échappé aux groupes de défense des droits de la personne un peu partout dans le monde.

Ces organismes suivront donc avec beaucoup d'intérêt l'enquête nationale publique qui s'ouvrira le 1er septembre. La communauté internationale de défense des droits de la personne réclamait cette enquête depuis des années, tout comme de nombreuses organisations au Canada.

Dinah Shelton, qui a participé à la rédaction d'un rapport sur le sujet lorsqu'elle était à la Commission interaméricaine des droits de l'homme, estime que la communauté internationale devrait tirer des leçons par rapport à tout le temps qu'a mis Ottawa avant de déclencher une enquête publique.

«Beaucoup de pression extérieure a été requise pour quelque chose qui aurait dû être géré à l'interne il y a longtemps», a-t-elle affirmé.

Selon Mme Shelton, le drame canadien démontre aussi que la violence contre les femmes est omniprésente et qu'elle ne survient pas seulement dans des pays défavorisés, au bilan désastreux en matière de droits de la personne.

«Je pense que la communauté internationale observe le Canada pour voir s'il sera à la hauteur des principes et des valeurs en matière de droits de la personne qu'il défend», a indiqué Meghan Rhoad de Human Rights Watch, un groupe établi à Washington.

Le chef de l'Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, soutient pour sa part que l'impact de la violence envers ces quelque 1 200 femmes autochtones traverse les frontières. «C'est une tragédie nationale, mais c'est une honte internationale», a-t-il déclaré mercredi, à Gatineau.

Craig Benjamin, d'Amnistie internationale Canada, se demande quant à lui si la commission d'enquête nationale est suffisamment outillée pour répondre aux préoccupations des organismes internationaux, notamment des Nations unies. D'après M. Benjamin, cela dépendra beaucoup de la coopération des provinces pendant les travaux.

Le mandat de la commission d'enquête lui accorde des pouvoirs étendus, comme ceux de convoquer des témoins et d'obtenir des éléments de preuve sous juridiction provinciale de même que territoriale. Une omission fait cependant fuser les critiques: les allégations concernant la possible inconduite de policiers ne seront pas abordées de manière explicite.

«Je crois que c'est tout à fait légitime que cette question soit soulevée parce que nous avons déjà vu de nombreux processus se dérouler sur le même sujet sans que ces enjeux-là soient traités», a conclu Mme Rhoad.