Un homme et une femme de la Colombie-Britannique reconnus coupables de plusieurs infractions de nature terroriste pourront retrouver leur liberté, une juge ayant déterminé, vendredi, qu'ils avaient été piégés par la police dans l'élaboration d'un complot visant à faire exploser le parlement provincial.

La juge Catherine Bruce, de la Cour suprême de Colombie-Britannique, a estimé que des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) avaient piégé le couple formé par John Nuttall et Amanda Korody lors d'une opération d'infiltration de plusieurs mois ayant mené au projet d'attentat qui devait se concrétiser durant la fête du Canada en 2013.

Le jugement signifie que la juge Bruce décrétera un arrêt des procédures, ce qui mènera à l'annulation des verdicts de culpabilité rendus par un jury l'an dernier.

Il existe déjà assez de terroristes dans le monde et il serait déplorable que la police se mette à en inventer d'autres, a affirmé la juge.

Les accusés ont été les exécutants, mais ce sont des agents infiltrés qui ont orchestré le complot, utilisant à mauvais escient leur autorité pendant des mois, affirme le jugement.

Un jury avait reconnu John Nuttall et Amanda Korody coupables de trois chefs d'accusation liés au terrorisme en juin 2015, mais la juge Bruce a statué vendredi que tous deux avaient été naïfs et s'étaient laissé influencer. Le couple n'aurait pas pu agir seul, selon le jugement.

«La police a décidé d'orchestrer un plan pour John Nuttall et Amanda Korody de façon agressive et leur a fait croire que c'était le leur», a fait valoir la juge Bruce.

Les accusations auxquelles faisait face le couple ne figureront pas dans un dossier criminel. Ces allégations ne pourront être brandies à nouveau contre les deux individus. Ceux-ci échappent par le fait même à la possibilité d'une peine d'emprisonnement à vie.

C'est la première fois que la défense de provocation policière est utilisée avec succès dans un procès pour terrorisme au Canada. Des avocats dans d'autres dossiers avaient auparavant échoué à défendre cet argumentaire à trois reprises.

La défense a mis l'accent sur la vulnérabilité du couple, décrivant ses clients comme d'anciens consommateurs de drogue aujourd'hui dépendants à la méthadone et vivant dans la pauvreté.

Ceux-ci croyaient être en contact avec de réels membres d'un réseau terroriste pour parvenir à avoir accès à des explosifs et commettre une attaque qui tuerait des centaines de personnes. Ils étaient plutôt en communication avec des agents infiltrés.