Le Canada n'a pas à s'inquiéter de l'élection possible de Donald Trump à la présidence des États-Unis, selon l'ex-premier ministre canadien Brian Mulroney.

« Le Canada, c'est un grand pays souverain avec énormément de force économique et une excellente réputation. Au niveau international, on joue le jeu, on est respectés pour tout ça. On n'a pas à s'inquiéter de la venue de Mme Clinton, M. Trump ou M. Sanders », a affirmé M. Mulroney en entrevue à La Presse.

Selon Brian Mulroney, les Canadiens n'ont pas à avoir peur de l'élection possible de M. Trump. « Il n'y a rien qui me fait peur [...]. Évidemment, ce n'est pas mon style, mais il a taillé sa place, il a battu 18 concurrents. Il est maintenant le candidat à la chefferie du Parti républicain. Il a son style à lui, ça a l'air à plaire à bien des gens aux États-Unis parce qu'il est "kif-kif" avec Mme Clinton. [...] J'ai vu des sondages ce matin qui mettent M. Trump nez à nez avec Mme Clinton. Tout peut se passer. C'est bien la première fois dans l'histoire d'un grand pays comme les États-Unis où le taux d'insatisfaction avec les deux candidats se chiffre aux alentours de 60 %. C'est bizarre », dit M. Mulroney, qui recevra aujourd'hui un doctorat honorifique de l'Université de Montréal.

Trudeau «impressionnant»

Bien connu à l'étranger - comme premier ministre du Canada, il avait conclu l'Accord de libre-échange nord-américain -, M. Mulroney trouve que le nouveau premier ministre Justin Trudeau « fait du bon boulot » sur la scène internationale, particulièrement avec sa première visite à la Maison-Blanche. « J'ai bien aimé ses interventions à Washington, dit l'ex-premier ministre conservateur. La relation entre le président des États-Unis et le premier ministre du Canada, c'est le plus important dossier d'un premier ministre canadien à l'exception de l'unité nationale. Ce qu'il a fait à date a été impressionnant. »

M. Mulroney convient que M. Trudeau a « un style très agréable pour les Canadiens ». « Lui et son épouse donnent une excellente impression. Ils ont des beaux enfants, une belle famille, ils semblent être très travaillants, très vigoureux. Mais on verra tout ça dans les résultats ultimes. Pour l'instant, il est au tout début de son [mandat] », dit M. Mulroney, qui ne s'est pas formalisé de l'incident le mois dernier à la Chambre des communes où M. Trudeau a pris le bras d'un député conservateur pour le reconduire à son siège puis a heurté involontairement en se retournant une députée du NPD. « C'est une bagatelle, ça. J'en ai vu des pires que ça », dit l'ex-premier ministre conservateur, au pouvoir à Ottawa de 1984 à 1993.

Photo Paul Chiasson, archives La Presse Canadienne

Justin Trudeau en compagnie de Barack Obama à Washington, le 10 mars dernier

« Défi de taille » pour les conservateurs

Alors que les conservateurs se choisiront un nouveau chef en mai 2017, Brian Mulroney estime qu'une victoire aux prochaines élections fédérales représente « un défi de taille ». Selon lui, les candidats à la direction vont être « obligés de ramer à contre-courant » avec l'arrivée d'un « nouveau premier ministre [M. Trudeau] qui demeure très populaire ». « Ce n'est pas facile dans les circonstances actuelles, dit-il. Un changement de gouvernement après 10 ans d'un gouverneur conservateur. Le parti a été anéanti dans la région Atlantique et n'a fait aucune percée dans les grandes villes du Canada à quelques exceptions près. [...] Ça représente un défi de taille, mais c'est justement la beauté de la politique, on ne sait jamais. » M. Mulroney a aussi souligné « l'excellent travail » de Rona Ambrose comme chef intérimaire des conservateurs.

Brian Mulroney, qui est associé principal au cabinet d'avocats Norton Rose Fulbright, se dit reconnaissant de recevoir aujourd'hui un doctorat honorifique de l'Université de Montréal, « une grande institution québécoise, canadienne et mondiale ».

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Rona Ambrose, chef par intérim du Parti conservateur