La ville albertaine de Fort McMurray a été quasi entièrement sauvée des flammes grâce aux pompiers qui luttent depuis une semaine contre de gigantesques feux de forêt dans la région, mais ses habitants, évacués, n'y reviendront pas avant une quinzaine de jours.

La première ministre de la province de l'Alberta, Rachel Notley, a qualifié lundi de véritable « miracle » le fait d'avoir « pu sortir la population entière », sans aucune victime, en seulement quelques heures.

Au total, près de 100 000 personnes ont été évacuées la semaine dernière de Fort McMurray et des bourgades aux alentours, alors que les feux ont dévasté des milliers d'hectares et plus de 2000 maisons dans les banlieues résidentielles de la ville.

Grâce à une réponse rapide des pompiers face à des feux incontrôlés dans les forêts qui entourent la ville pétrolière, « il apparaît que 90 % de la ville de Fort McMurray est sauvée », a-t-elle assuré.

« La ville a été encerclée par un océan de feu il y a seulement quelques jours, mais Fort McMurray et ses environs ont été sauvés et seront reconstruits », a assuré Mme Notley.

Après une tournée d'évaluation des dommages, le constat est néanmoins contrasté avec les quartiers de Beacon Hill et de Waterways pratiquement ravagés en totalité à l'ouest de Fort McMurray.

Les pompiers ont lutté pendant 12 heures contre les flammes.

Les incendies ont continué lundi d'avancer à l'est, mais avec moins de force. Plus de 200 000 hectares de forêts ont maintenant été détruits, soit 4000 km2 au cours des dernières 24 heures, a indiqué Chad Morrisson, directeur du service d'incendie de l'Alberta.

« Nous espérons des températures plus fraîches pour les deux prochains jours pour nous aider » à contenir les différents foyers, avec maintenant 700 pompiers sur la zone, 27 avions bombardiers d'eau et 20 hélicoptères, a-t-il ajouté.

Après les évacuations et la maîtrise des feux dans la ville, où des décombres continuent de fumer, une deuxième phase a été amorcée lundi pour remettre en état les infrastructures vitales.

De 1 à 1,5 million de barils de pétrole en moins chaque jour

Rachel Notley a une nouvelle fois demandé aux habitants la plus grande patience. Des pans entiers de la ville n'ont ni eau, ni électricité ou gaz. Il faut aussi remettre en état les services municipaux, les écoles, l'hôpital et les cliniques.

« Dans deux semaines, nous aurons une meilleure idée du moment où les résidants » pourront commencer à rentrer chez eux, a estimé Darby Allen, chef des pompiers de Fort McMurray.

Pour les habitants évacués depuis bientôt une semaine, la vie s'organise dans les 11 centres d'hébergement de la province, des résidences universitaires vacantes avec les congés d'été, des campings ou même des caravanes sur des stationnements, et ce à des centaines de kilomètres de Fort McMurray.

Mais avec la fatigue et l'inquiétude face à l'avenir, la colère gronde dans ces centres où la promiscuité alimente les tensions.

Parmi les 100 000 personnes évacuées figurent des milliers de travailleurs de l'industrie pétrolière, poumon économique de la province et moteur de l'économie canadienne avant la dégringolade du prix de l'or noir il y a deux ans.

Les compagnies pétrolières du bassin des sables bitumineux ont suspendu ou considérablement réduit leurs opérations, évacuant le plus souvent leurs employés à l'approche des flammes de leurs installations.

La baisse de production représenterait entre 1 et 1,5 million de barils de pétrole par jour, selon les experts, alors que la production de ce bassin atteignait environ 2,5 millions de barils avant les feux.

Cela représente environ le tiers de la production canadienne, selon les analystes.

Les sinistrés vont recevoir les premières aides d'ici mercredi, fixées à 1250 dollars canadiens par adulte et 500 dollars canadiens par personne à charge, pour un coût de 100 millions de dollars canadiens assumé par le budget provincial.

Les dons des Canadiens à la Croix rouge ont dépassé les 50 millions de dollars, un montant qui sera doublé par le gouvernement fédéral, a promis le premier ministre Justin Trudeau.

Les compagnies d'assurance ont également débloqué des fonds et devront couvrir, avec l'État, les coûts des dégâts de ces incendies, une facture estimée à près de neuf milliards de dollars.

« Nous allons soutenir et investir dans la reconstruction de Fort McMurray par toute une gamme de moyens dans les prochains jours, semaines, mois et, oui, des années », a affirmé M. Trudeau.