Quelques centaines de syndiqués ont manifesté au centre-ville de Montréal, lundi après-midi, pour demander une loi pour interdire les régimes de retraite à deux vitesses.

Le principe de l'adoption d'un régime de retraite moins généreux pour les futurs employés, souvent un régime de retraite à cotisations déterminées plutôt qu'à prestations déterminées, devient de plus en plus fréquent dans les entreprises privées, a déploré en entrevue Serge Cadieux, secrétaire général de la FTQ, au départ de la marche.

«C'est de plus en plus fréquent. Il y a 15 ans, il y avait plus de régimes à prestations déterminées que de régimes à cotisations déterminées dans le secteur privé, mais au cours des 15 dernières années, il y a eu un renversement de la situation», a dénoncé le numéro deux de la FTQ

La FTQ, la plus importante centrale syndicale au Québec, a plus de 600 000 membres, principalement dans le secteur privé.

Des syndiqués du centre de distribution de chez Brault et Martineau participaient à cette marche. La question d'un régime de retraite moins généreux pour les futurs employés est justement au coeur du conflit avec l'employeur. Des syndiqués du producteur de ciment Lafarge Holcim, aussi concernés par la question, y participaient également.

Les syndicats ont déjà tenté, en vain, de faire reconnaître par les tribunaux que ce genre de clause était discriminatoire, parce qu'elle créait deux catégories d'employés en fonction de la date d'embauche, a fait valoir M. Cadieux.

Il invite donc le gouvernement Couillard à régler la question en modifiant la Loi sur les normes, puisque celle-ci interdit déjà certains traitements discriminatoires.

La loi stipule en effet qu'«une convention ou un décret ne peut avoir pour effet d'accorder à un salarié visé par une norme du travail, uniquement en fonction de sa date d'embauche et au regard d'une matière sur laquelle porte cette norme, (...) une condition de travail moins avantageuse que celle accordée à d'autres salariés qui effectuent les mêmes tâches dans le même établissement».

M. Cadieux estime qu'il s'agirait, pour le gouvernement, de préciser que les régimes de retraite font partie de ces conditions de travail qui ne peuvent être moins avantageuses en raison de la date d'embauche.

Le numéro deux de la FTQ rappelle que la loi a changé et que les employeurs n'ont plus, comme avant, à verser des cotisations d'équilibre, qui pouvaient représenter un lourd fardeau financier.

«On a corrigé la situation. L'employeur n'a plus à combler le déficit du régime de retraite. Anciennement, chaque année où un régime de retraite était déficitaire, il devait y avoir une nouvelle évaluation et l'employeur avait une obligation, en plus de la cotisation régulière qu'il versait dans le régime de retraite, de verser une cotisation d'équilibre. Souvent, c'était le double de la cotisation prévue. Et on a enlevé cette obligation-là», a expliqué M. Cadieux.

Il estime donc que les employeurs qui persistent à vouloir offrir un régime de retraite moins généreux pour les futurs employés de leur entreprise le font pour des raisons «idéologiques», non plus financières.