Un forum de discussion vient de prendre forme à Montréal regroupant de jeunes leaders triés sur le volet auquel est associé le centre interuniversitaire de recherche CIRANO. Appelé l'Avant-garde, ce groupe ambitionne de devenir un « acteur de changement au Québec ».

Est-ce une nouvelle organisation politique, idéologique ? L'Avant-garde ne brandit pas de bannière officielle : ni gauche ni droite, ni fédéraliste ni souverainiste. « À ce stade-ci, on est un forum de discussion. Mais il y a de l'intérêt de la part de certains de nos participants pour en faire plus et devenir un mouvement. [...] On veut passer à l'action », a expliqué à La Presse Me Alice Monet qui siège au comité exécutif de l'Avant-garde.

Autour de Me Monet, on retrouve des gens provenant de tous les horizons, dont deux professeurs associés à CIRANO, un homme d'affaires et un environnementaliste de la Fondation David Suzuki. Ensemble, ils ont recruté des « jeunes qui se démarquent » avec un potentiel de leadership. « On n'est pas un groupe ouvert. On a choisi les participants dans des sphères d'activité pour qu'il y ait un équilibre. [...] Tout le projet s'inscrit dans une nouvelle façon de gérer le potentiel des gens. On a une approche organique », souligne la jeune avocate.

PRIORITÉ À L'ÉCONOMIE DE PARTAGE

L'Avant-garde s'est mise en place en avril 2015. CIRANO apporte le soutien et les ressources, dont un site internet.

On retrouve peu d'informations sur le site internet ; le groupe ne recherche pas la publicité ni à prendre la parole publiquement.

On y expose brièvement les valeurs et les principaux objectifs. « Avant Garde CIRANO deviendra une plate-forme d'accélération et de formation de nouveaux acteurs de changement au Québec. Ceux-ci joueront un rôle de premier plan dans le développement de solutions face aux enjeux du XXIe siècle, tant à l'échelle nationale qu'internationale », peut-on lire.

Si l'Avant-garde s'intéresse aux débats et aux enjeux de toute nature, il a toutefois décidé d'accorder d'abord la priorité à l'économie de partage. Les deux premières rencontres de discussions ont porté sur le sujet. Jean-Nicolas Guillemette qui dirige le service de covoiturage Uber et Jérémi Lavoie de Car2Go, une entreprise de voitures en libre-service, ont été les premiers conférenciers invités.

Le prochain événement est prévu en mai ; le nom des conférenciers n'est pas encore connu. Chose certaine, les discussions se dérouleront sous le sceau de la confidentialité. C'est même là l'une des règles qu'applique l'Avant-garde « pour favoriser la plus totale liberté d'expression », a indiqué Alice Monet.

Selon cette dernière, cet événement pourrait donner l'élan à des projets. « L'action, c'est ce qui nous attend au mois de mai. L'Avant-garde en soi vise à avoir des impacts positifs pour la communauté », a-t-elle souligné sans toutefois préciser la nature de ces éventuels projets.

Faut-il y voir le prélude à une plongée politique, un peu comme le groupe de réflexion Génération d'idées, cofondé par Mélanie Joly qui s'est lancée par la suite en politique et qui est devenue ministre fédérale ?

Après un court instant d'hésitation, Me Monet dit : « Seuls nos participants vont nous le démontrer. Ça leur appartient, mais le but n'est pas nécessairement d'être un tremplin politique ni de se placer dans l'échiquier politique. »

Dans l'immédiat, ce qui compte le plus est de « briser les silos professionnels et développer un réseau d'action parmi la relève. C'est ça l'Avant-garde », conclut-elle.