Les sommes données par les Canadiens pour soulager la crise humanitaire en Syrie ne devraient pas atteindre, loin s'en faut, la limite de 100 millions $ que le gouvernement fédéral avait promis de verser de façon paritaire.

Mais selon un porte-parole de la Coalition humanitaire, qui regroupe cinq organismes d'aide, il était assez évident dès le départ que cet objectif de 100 millions $ ne pourrait sans doute pas être atteint. Les organismes, a-t-il dit, devront maintenant redoubler d'efforts et d'ingéniosité pour recueillir plus d'argent afin de venir en aide aux victimes de la guerre civile qui frappe la Syrie depuis cinq ans.

Les Canadiens avaient jusqu'à lundi pour contribuer à l'aide syrienne dans le cadre du «fonds fédéral de contrepartie», qui prévoyait qu'Ottawa ajouterait le même montant que celui recueilli par les divers groupes d'aide humanitaire, jusqu'à concurrence de 100 millions $.

Ce programme, initié par les conservateurs en septembre dernier, devait se terminer à la fin de 2015. Mais comme seulement 12,2 millions $ avaient été amassés auprès des Canadiens au 1er janvier, les libéraux ont repoussé la date limite jusqu'au 29 février.

Depuis le début de cette campagne, environ 10,3 millions $ ont été reçus par trois organismes: l'UNICEF, Vision mondiale et la Coalition humanitaire (CARE Canada, Oxfam Canada, Oxfam-Québec, Plan Canada et Aide à l'enfance Canada). Par contre, plusieurs autres groupes prenant part à la campagne n'avaient pas encore dévoilé leurs chiffres mardi.

La seule Croix-Rouge a réussi à recueillir depuis 2013 environ 9,6 millions $ pour l'aide humanitaire en Syrie. La plus grande partie de cette somme a été recueillie après le lancement du programme fédéral mais on ignore combien Ottawa devra verser en contrepartie. Les organismes ont jusqu'à la mi-mars pour présenter leurs chiffres au gouvernement fédéral.

Nicolas Moyer, de la Coalition humanitaire, soutient que la cible de 100 millions $ était davantage un «chiffre politique» qu'une cible réaliste, compte tenu des expériences passées. «On n'a jamais recueilli une telle somme au Canada pour un conflit semblable», a-t-il soutenu. «On entend parler de cette guerre aux nouvelles depuis quatre ans.»

Par contre, les besoins, eux, sont réels, et les organismes devront trouver d'autres façons d'atteindre cet objectif. Car malgré une trêve fragile, la majorité de la population syrienne vit dans une pauvreté extrême, sans accès assuré à de la nourriture, de l'eau potable et un abri. La nature du conflit rend aussi difficile l'acheminement de l'aide humanitaire. Par ailleurs, les Nations unies recensent plus de 4,7 millions de réfugiés syriens dans des pays de la région, et des centaines de milliers d'autres sont passés en Europe pour y refaire leur vie.

Par le passé, les «fonds de contrepartie» avaient seulement été initiés par le gouvernement fédéral à la suite de catastrophes naturelles. Ainsi, après le séisme de 2010 en Haïti, le gouvernement canadien avait versé 220 millions $ en fonds de contrepartie. Le programme pour les dommages du typhon Haiyan aux Philippines, en 2013, avait permis d'amasser 85,6 millions $.