Le bilinguisme français-anglais a progressé au pays depuis un siècle principalement grâce au Québec, note une récente étude de Statistique Canada. L'agence, qui a dépoussiéré son recensement de 1901, note que les gains ont été beaucoup plus faibles dans le reste du pays, où l'on assiste même à une légère diminution depuis le début des années 2000. Explications.

Gains concentrés au Québec

C'est lors du recensement de 1901 que l'État a interrogé pour la première fois les Canadiens sur leur connaissance des deux langues officielles. À l'époque, moins d'une personne sur six parlait tant le français que l'anglais. Depuis un peu plus d'un siècle, l'agence a noté que le bilinguisme a progressé de cinq points, pour s'établir à 18,3 % de la population. Le gros de ces gains s'est toutefois concentré au Québec où près de 45 % de la population se dit aujourd'hui bilingue, contre une personne sur dix dans le reste du pays.

Forte progression chez les anglos du Québec

Ce sont les anglophones du Québec qui ont fait les plus importants progrès en matière de bilinguisme. Plus des deux tiers d'entre eux peuvent également comprendre la langue de Molière, un taux qui a carrément doublé depuis les années 70. Statistique Canada y voit un résultat de « l'engouement croissant des jeunes anglophones pour les programmes d'immersion en français ainsi que les effets de l'application de la Charte québécoise de la langue française (adoptée en 1977) ». Ces gains semblent toutefois avoir plafonné depuis le début des années 2000.

Des avancées chez les allophones québécois

Le bilinguisme français-anglais a aussi progressé fortement chez les Québécois n'ayant pas le français ou l'anglais comme langue maternelle. Plus de la moitié (55,1 %) des allophones du Québec disent aujourd'hui comprendre les deux langues officielles, soit un taux plus élevé que chez les francophones. Statistique Canada y voit là encore un effet de l'application de la Charte québécoise de la langue française, qui a ajouté des balises « sur la fréquentation scolaire des enfants d'immigrants et sur la langue de travail ».

Croissance chez les francophones du Québec

Le bilinguisme a aussi fait d'importants progrès chez les francophones du Québec, même si ces gains sont plus modestes que chez les anglophones et les allophones de la province. Statistique Canada attribue le ralentissement de cette progression au fait que « moins de 40 % de la population de langue maternelle française résidait à Montréal », principale région de la province où les deux langues se côtoient quotidiennement. Contrairement aux deux autres groupes, la progression du bilinguisme n'a pas plafonné et continue à croître.

Faible bilinguisme dans le reste du Canada

7,4 %



Le bilinguisme a progressé depuis un siècle dans Canada hors Québec, mais reste relativement faible. Ainsi, moins d'un anglophone sur douze arrive à comprendre le français, ce qui représente néanmoins davantage que les 2 % de 1901. Chez les allophones hors Québec, seulement 6,4 % parlent les deux langues officielles. Statistique Canada constate une légère baisse du taux de bilinguisme français-anglais dans ces groupes depuis 2001, baisse attribuée à la croissance de la population canadienne qui se fait principalement grâce aux immigrés, qui dans leur vaste majorité ne parlent pas les deux langues officielles à leur arrivée.

Francophones très bilingues

85 %



Si le bilinguisme a fait un bond de géant chez les anglophones du Québec, les francophones hors Québec demeurent les champions incontestés. Le taux de bilinguisme de ce groupe est demeuré significativement plus élevé que dans le reste de la population canadienne depuis 1901. Déjà à cette époque, les deux tiers parlaient les deux langues officielles.