Avec le réchauffement climatique, la saison des sucres va commencer de plus en plus tôt dans les érablières du Québec, mais cela ne devrait pas perturber la production.

En Montérégie et en Estrie, d'ici la fin du siècle, la saison s'amorcera vers la mi-février, alors qu'en moyenne, de 1971 à 2000, la saison commençait au début de mars.

C'est ce qui ressort d'une importante étude conjointe de la Direction de la recherche forestière du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs et du consortium de recherche Ouranos.

Les résultats, publiés dans la prestigieuse revue PLOS One, s'appuient sur des observations recueillies par la Fédération des producteurs acéricoles du Québec et sur des prévisions des modèles climatiques.

Selon Daniel Houle, du MFFP, l'auteur principal de la recherche, les conditions demeureront favorables à la production de sirop sur l'ensemble du territoire québécois, même si certaines années risquent d'être plus difficiles dans certaines régions.

« La probabilité que l'absence de saison survienne n'est pas assez grande pour toucher la productivité globale, mais pour un producteur artisanal, ça peut être un problème », poursuit le chercheur.

« Mais la production par entaillage ne sera pas vraiment compromise, parce que certaines variables positives vont s'améliorer, M. Houle. Par exemple, les étés chauds sont favorables à une bonne croissance et à la production de sucre. »

La base de données de la Fédération des producteurs a fourni des informations précises sur la production de 121 érablières dans 11 régions sur 13 années.

La date la plus hâtive pour la saison des sucres a été le 53e jour de l'année en 2010, dans la région de Saint-Hyacinthe, soit vers le 20 février.

En moyenne, de 1971 à 2000, la saison des sucres à Saint-Hyacinthe a commencé le 62e jour de l'année.

Vers 2050, le record de 2010 devrait être plus tardif que la moyenne (48e jour) dans cette même région. Vers 2100, la saison devrait commencer en moyenne au 43e jour de l'année.

En d'autres termes, la saison devrait alors s'amorcer 19 jours plus tôt qu'au début de la période étudiée.

Simulations climatiques

Les chercheurs sont arrivés à ces conclusions après avoir fait 77 simulations climatiques. Dans chaque simulation, la température moyenne de janvier à avril a été retenue comme le meilleur étalon pour prédire le début de la saison.

Les chercheurs ont évalué que pour chaque degré de réchauffement de la température moyenne pendant cette période, la saison commence quatre jours plus tôt.

L'autre facteur ayant un impact sur la production est le nombre de jours où la température monte au-dessus de 3 °C le jour pour redescendre sous le point de congélation la nuit suivante. Ce facteur a aussi été évalué dans les simulations climatiques et il pointe dans la même direction.