Un appel pressant a été lancé, mardi à Montréal, aux employeurs du Québec pour qu'ils ouvrent leurs portes aux réfugiés syriens qui arriveront en masse au cours des prochaines semaines afin de soutenir leur intégration à la société québécoise.

Les ministres du Travail et de l'Immigration, Sam Hamad et Kathleen Weil, ont lancé cet appel flanqués des représentants de l'ensemble des grandes organisations patronales qui ont profité de l'occasion pour le retransmettre à leurs membres, en l'occurrence le Conseil du patronat du Québec (CPQ), la Fédération des chambres de commerce du Québec, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) ainsi que Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ).

D'ailleurs, ces organisations n'ont pas caché qu'il ne s'agit pas tant de demander aux entreprises de poser un geste charitable que de leur permettre de saisir la chance qui s'offre à elles.

«On a une occasion extraordinaire d'offrir à des gens sur le plan humanitaire une nouvelle vie, mais en même temps comme employeurs, et il ne faut pas être gênés de le dire, d'avoir accès à une main-d'oeuvre. Et les deux, c'est gagnant-gagnant. C'est gagnant aussi pour la société», a affirmé le président du CPQ, Yves-Thomas Dorval.

La vice-présidente principale de la FCEI, Martine Hébert, a ainsi fait valoir qu'il y a présentement 66 000 emplois à combler au Québec et que ces réfugiés représentent une force de travail extrêmement motivée. La directrice des communications de MEQ, Valérie Proulx, a pour sa part signalé que, du côté de la main-d'oeuvre spécialisée, le Québec prévoit des besoins de 150 000 personnes d'ici 2020.

Le ministre Hamad a profité de l'occasion pour rappeler l'existence et la disponibilité du programme PRIME du gouvernement du Québec qui vise précisément l'intégration d'immigrants en subventionnant leurs salaires jusqu'à hauteur de 15 000$ par année.

Ce programme soutient non seulement l'emploi mais aussi les mesures périphériques d'adaptation, incluant l'apprentissage de la langue, élément prioritaire d'intégration de réfugiés et, fait à noter, une part de son enveloppe annuelle de 10 millions $ provient des sommes versées par les immigrants entrepreneurs.

Tout en reconnaissant qu'il ne s'agissait pas d'argent neuf, M. Hamad a précisé que cette enveloppe n'était pas fermée et pourrait être augmentée au besoin.

Le ministre Weil, pour sa part, a profité de l'occasion pour souligner à quel point l'emploi vient déconstruire le mythe de l'immigrant sur l'aide sociale.

«Pour tous nos immigrants, c'est sûr que pendant une période, certains vont avoir l'aide sociale, (...) mais les données nous montrent qu'ils ne retournent pas sur l'aide sociale. Dès qu'ils ont un emploi - et c'est ce qu'ils cherchent - ils sont partis pour le succès», a fait valoir la ministre.

La présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Françoise Bertrand, s'est quant à elle engagée à porter le message dans les régions, puisque les réfugiés sont attendus dans 13 villes québécoises et pas seulement à Montréal.

Certes, le défi de la rétention y pose parfois problème, reconnaît la ministre Weil, qui précise toutefois qu'en dehors de Montréal, les villes de Gatineau, Sherbrooke et Québec, notamment, réussissent à retenir leurs immigrants.

«On s'attarde à ça, mais c'est tout le monde ensemble qui peut fait en sorte que le taux de rétention soit plus élevé», a-t-elle dit.

Mais pour son collègue Sam Hamad, la solution est déjà identifiée.

«La meilleure rétention, c'est l'emploi. Quand on a un emploi, ça aide l'intégration et ça aide au niveau financier», a-t-il dit.