Depuis un mois, au moins une quinzaine de migrants syriens et irakiens sont entrés illégalement au Canada via Dundee, en Montérégie. Ils seraient arrivés aux États-Unis par avion avant de traverser la frontière à pied. Le nombre croissant d'immigrants franchissant la frontière dans les champs de Dundee trouble les habitants de cette municipalité rurale. Compte rendu.

Un groupe de six migrants irakiens a été intercepté hier matin dans la municipalité de Dundee, située à la frontière canado-américaine en Montérégie. Les migrants, parmi lesquels se trouvaient une femme enceinte et une dame d'environ 70 ans, ont été trouvés dans la grange d'un agriculteur. Rencontré hier après-midi, ce dernier estime avoir vu passer pas moins d'une quinzaine de migrants sur ses terres depuis quelques semaines.

«C'est la troisième fois en quelques jours. Mardi dernier, il y avait un couple avec un enfant. Mercredi, un couple avec deux enfants. Samedi, un homme seul... Ils viennent d'Irak surtout. Mais aussi de Syrie et d'Afghanistan. Je ne comprends pas pourquoi ils passent tous chez moi...», souffle l'agriculteur, qui préfère garder l'anonymat.

Les migrants d'hier matin, trois hommes et trois femmes, ont demandé à l'agriculteur d'appeler la police, ce qu'il a fait. La Sûreté du Québec s'est rendue sur les lieux, puis a contacté la Gendarmerie royale du Canada (GRC). La porte-parole de la GRC, Camille Habel, confirme que des agents ont intercepté un groupe de migrants hier matin, sans donner plus de détails. Le groupe a ensuite été confié à Citoyenneté et Immigration Canada.

Un phénomène en hausse?

Habitant cette ferme depuis sa naissance, l'agriculteur dit n'avoir jamais fait face à un tel phénomène. «C'est la première fois qu'on voit autant de réfugiés arriver», dit-il.

Un peu plus loin, Francine Otis note aussi que les réfugiés sont plus nombreux à arriver depuis l'été. Il y a un mois, Mme Otis a même aidé une famille de réfugiés à obtenir des soins de santé. «Il y avait un homme, sa femme enceinte et leur enfant de 2 ans. Ils étaient au bout de mon terrain. Je les ai amenés à Huntingdon pour que la femme reçoive des soins», dit-elle.

La famille disait vouloir se rendre à Toronto. «Je leur ai dit que ça coûterait très cher. Ils m'ont dit que ce n'était pas un problème. Ils étaient éduqués, gentils et semblaient savoir ce qu'ils faisaient», dit-elle.

Questionnée à savoir si un nombre croissant de demandeurs d'asile viennent au Canada, de façon légale ou non, l'Agence des services frontaliers a été incapable de répondre à la question. «Nous ne traitons que les demandes de gens qui se présentent à nos postes frontaliers», a expliqué Jacqueline Roby.

À la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, on note que 7424 demandes d'asile ont été reçues au pays depuis le début de 2015. À pareille date l'an dernier, seulement 5872 demandes avaient été reçues. Ces données ne touchent toutefois pas uniquement le Québec, mais bien le pays en entier.

La mairesse de Dundee, Jean Armstrong, ne sait pas si un nombre croissant de réfugiés traversent le territoire de sa municipalité. Chose certaine, ses citoyens en parlent. «On entend parler d'histoires. C'est un sujet de préoccupation, dit-elle. Mais compte tenu de notre localisation, nous avons toujours été bien placés pour vivre ce genre de situation.»

Qui sont-ils?

Les citoyens de Dundee interrogés par La Presse estiment que la majorité des réfugiés qui traversent la frontière à pied près de leur municipalité proviennent d'Irak. Mais d'autres racontent avoir discuté avec des Afghans et des Syriens. «Ce sont souvent des professionnels, comme des ingénieurs. Ils semblent ne pas manquer d'argent», note un agriculteur. Plusieurs réfugiés racontent avoir quitté leur pays en avion vers les États-Unis, souvent New York, visa en poche. Puis, ils se rendent près de la frontière canadienne et traversent. La marche dure de 30 minutes à une heure.