Le Conseil national des musulmans canadiens est profondément déçu du rapport provisoire d'un comité sénatorial, qui recommande notamment une surveillance accrue des imams au Canada et une interdiction de séjour pour ceux qui prônent «des idéologies radicales menaçant la sécurité du pays».

Selon l'organisme, le comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense ne propose pas de solutions efficaces aux défis que pose «l'extrémisme violent», mais il risque par contre de stigmatiser davantage la communauté musulmane.

Le rapport du comité recommandait notamment au gouvernement de criminaliser le seul fait de devenir membre d'une organisation terroriste, et toute glorification des terroristes, de leurs actes et de leurs symboles. Les sénateurs suggèrent également au gouvernement fédéral d'«étudier les options possibles en matière de formation et de certification des imams au Canada».

Sénateurs conservateurs

Le rapport provisoire représente essentiellement l'avis de sénateurs conservateurs, majoritaires au sein du comité, puisque les trois libéraux ne l'ont pas appuyé.

Ihsaan Gardee, directeur exécutif du Conseil national des musulmans canadiens, estime que le rapport dépeint les communautés musulmanes du pays comme des menaces plutôt que des alliés dans la lutte contre le radicalisme violent.

«Un rapport aussi bâclé et mal documenté, rempli de contradictions et de fausses interprétations, ne servira finalement qu'à alimenter les discussions en campagne électorale», a-t-il soutenu jeudi dans un communiqué.

Le sénateur conservateur Daniel Lang affirmait cette semaine que les recommandations du rapport ne visent qu'à assurer la sécurité de tous les Canadiens - qu'ils soient sikhs, musulmans ou d'une autre communauté - et non de les dresser les uns contre les autres.