Une Cour fédérale américaine a condamné le Canadien Omar Khadr à verser 134,2 millions $ US en dommages et intérêts dans le cadre d'une poursuite civile intentée au nom d'un soldat américain tué et d'un autre blessé en Afghanistan, en 2002.

La Cour fédérale en Utah a rendu son jugement le 8 juin par défaut, puisqu'Omar Khadr n'avait pas répondu à la poursuite.

Dans leur poursuite, Tabitha Speer, veuve du soldat Christopher Speer, et le soldat Layne Morris, blessé en Afghanistan, alléguaient que M. Khadr, âgé de 15 ans à l'époque, était responsable de la mort de M. Speer et des blessures de M. Morris.

Les documents s'appuyaient sur le plaidoyer de culpabilité d'Omar Khadr, aujourd'hui âgé de 28 ans, qui a admis avoir lancé la grenade qui a tué M. Speer et blessé son collègue, lors de l'offensive de l'armée américaine en Afghanistan en 2002.

M. Khadr a cependant soutenu plus tard qu'il avait fait ces aveux sous la contrainte, et pour pouvoir enfin quitter la prison de Guantanamo Bay.

L'avocate Laura Tanner a admis qu'il sera difficile de faire respecter ce jugement, mais elle a souligné que l'objectif de la poursuite était davantage de défendre une cause que de récolter l'argent.

D'ailleurs, M. Khadr, qui a été emprisonné pendant près de 15 ans, se retrouve sans le sou aujourd'hui, alors qu'il vit chez son avocat Dennis Edney à Edmonton en attendant l'appel du jugement de la commission militaire spéciale aux États-Unis. Il a été libéré sous caution en mai.

«M. Khadr était en prison, il ne pouvait pas se défendre», a déploré M Edney.

Me Tanner s'affaire malgré tout à trouver un cabinet d'avocats au Canada qui pourra l'aider à recouvrer la somme exigée par le tribunal.

La cause devra être portée devant les tribunaux canadiens pour qu'ils confirment ou non le jugement américain, a indiqué l'avocat Gerald Chipeur, de Calgary. Les cours canadiennes reconnaissent généralement les jugements américains, mais il est toujours possible qu'elles le rejettent.

La grande question sera, selon lui, de déterminer si Omar Khadr avait bien été informé de la poursuite intentée contre lui.

À sa sortie de prison, M. Khadr s'était excusé aux familles de ses victimes. Il avait dit vouloir «repartir à zéro» pour finir ses études et travailler dans le domaine de la santé.