À son tour, la CSN rejette les offres gouvernementales en vue du renouvellement des conventions collectives dans les secteurs de l'éducation, de la santé et des services sociaux ainsi que des organismes gouvernementaux, estimant qu'elles exigent des concessions inacceptables quant à la sécurité d'emploi et à la conciliation travail-famille.

Les quatre fédérations du secteur public de la CSN ont rencontré la presse, mardi à Montréal, pour exposer ces dernières offres patronales dites sectorielles - parce qu'elles sont propres à des secteurs donnés comme le soutien scolaire - et expliquer pourquoi elles les rejetaient.

Selon ces fédérations syndicales, entre autres, le gouvernement abolirait le rayon de 50 kilomètres à l'intérieur duquel un travailleur dont le poste est aboli serait tenu d'accepter un autre poste pour conserver sa sécurité d'emploi. Dans certains secteurs, le rayon serait porté à 100, voire 200 kilomètres et plus. Marjolaine Côté, vice-présidente de la Fédération des employés des services publics, rapporte qu'un représentant à la table de négociation se serait fait dire qu'un employé de Montréal pourrait aller occuper un poste aux Îles-de-la-Madeleine.

De plus, le gouvernement voudrait pouvoir imposer des horaires atypiques, comme des journées de plus de sept ou huit heures, mais sans qu'il s'agisse d'heures payées au taux et demi. Il pourrait aussi y avoir des semaines de travail étalées sur plus de cinq jours, affirment les représentants syndicaux.

Pour résoudre les pénuries de main-d'oeuvre dans certains secteurs, les syndicats croyaient qu'il fallait améliorer les conditions de travail, dans le but d'y attirer des travailleurs.

Or, le gouvernement semble voir les choses autrement. «Sa solution, ce n'est pas très compliqué, c'est de revoir les horaires de travail, de les élargir», résume Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN.

«On va demander aux gens, de façon unilatérale, d'accepter des horaires de travail atypiques ou de travailler sur plus de cinq jours par semaine, à l'avenir. On va restreindre l'accès aux vacances, puisque l'été il manque du monde. Même chose quand on est en jours fériés, puisque ces journées-là, il manque du monde. C'est ça ses solutions», dit-elle.

Déjà, rapporte la vice-présidente de la CSN, depuis le 31 mars, diverses primes ont été abolies, alors qu'elles avaient été consenties pour pallier certains inconvénients. Il en est de même pour les primes pour les psychologues, pour ceux qui travaillent dans les Centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), dans les soins critiques ou dans le Grand Nord. «Et il veut en réduire d'autres primes, comme les primes de soir et les primes de nuit», affirme Mme Lévesque.

Le gouvernement dit vouloir agir ainsi afin d'obtenir davantage de souplesse, de flexibilité de la part des employés, et de mieux adapter le travail aux besoins et aux services à dispenser.

Comme 75% des employés des secteurs public et parapublic sont des femmes, Mme Lévesque juge que les concessions demandées nuiront à la conciliation travail-famille.

Elle souligne également que la précarité d'emploi touche plus de la moitié de ses membres.

La CSN représente quelque 170 000 travailleurs dans les réseaux de la santé et des services sociaux, de l'éducation, de l'enseignement supérieur et des organismes gouvernementaux.

Au plan salarial, le gouvernement offre deux années de gel, suivies d'augmentations de 1 pour cent par année pour les trois années suivantes.

De son côté, le front commun réclame 4,5% par année pendant trois ans.

Un conflit se dessine donc avec le gouvernement pour l'automne. Les différents syndicats du front commun ont déjà annoncé qu'ils allaient solliciter des mandats de grève auprès de leurs membres.